Un nouveau choix de bédés à offrir…

Un nouveau de choix de bédés car offrir une bande dessinée c’est indiscutablement offrir une tranche de bonheur, ouvrir un océan de curiosité, donner la possibilité de visiter un nouvel univers, consolider une culture personnelle, faire plaisir, tout simplement…

Le train des orphelinsOui, dit comme cela le sujet peut sembler éloigné des fêtes de fin d’année. En fait, si on se souvient de certains romans du dix-neuvième siècle, c’est dans les grands moments de fête que l’on devrait se souvenir de tous ceux qui sont dans la difficulté, qu’elle soit matérielle ou existentielle, accidentelle ou structurelle, passagère ou définitive… En écrivant je vois ces dames bien nées et vivant dans le luxe qui appartenaient à des sortes de club de charité et cherchaient à faire le bien à tous prix, y compris contre la volonté des destinataires de leur bienfaisance…

Et c’est un peu comme cela que commence cette magnifique série en bande dessinée de Philippe Charlot et Xavier Fourquemin aux éditions Bamboo, sous le label Grand Angle. Madame Goswell, veuve du pasteur du même nom, ne veut que faire le bien, aider les enfants, elle qui n’en a jamais eu… Elle va donc devenir bénévole dans une association – terme d’aujourd’hui qui définit parfaitement son statut dans l’album et dans l’orphelinat où elle vient d’arriver – et elle reçoit du directeur, une grande mission : elle doit escorter une douzaine d’enfants vers l’Ouest, en train, puis dans certaines villes étapes, elle devra trouver des « belles » familles d’accueil à ces pauvres orphelins… Comme tout cela est beau…

En fait, la vérité est très différente. Je dis bien vérité car cette déportation massive d’enfants vers l’Ouest est une réalité, très cachée, de l’histoire des Etats-Unis. Oui, d’une part, sur la côte Est et dans les très grandes villes comme New-York, il y avait de nombreux abandons d’enfants en particulier par les familles misérables qui arrivaient à bout de souffle d’Europe, et, d’autre part, il y avait un besoin crucial de bras pour travailler la terre dans toutes ces nouvelles terres conquises de l’Ouest. C’est ainsi que plusieurs millions d’américains d’aujourd’hui descendent de ces orphelins réimplantés dans des familles d’accueil où ils avaient un statut qui pouvait, dans certains cas, se rapprocher de celui d’esclave…

Le premier mérite de cette série est de lever le voile sur cette page historique mais cela va plus loin. En effet, nous allons entrer dans l’histoire de certains orphelins et la série devient plus épique, plus mouvementée, plus humaine. Le premier cycle de deux albums – Jim et Harvey – est tout simplement passionnant et il se dévore à très grande vitesse, même si le train emprunté, lui, n’a rien d’un TGV de chez nous…

Le mécanisme général de la série est basé sur une fratrie, abandonnée par un père qui ne sent pas capable d’assumer tout cela, trois enfants avec une maman décédée dont on ne parle presque pas, et donc, ces enfants qui après avoir été dispersés cherchent à se retrouver…

La mécanique scénaristique est bien construite, le ton de l’histoire va donc naviguer entre trois influences : d’une part les romans de Dickens avec des scènes d’une noirceur bien réelle, d’autre part l’esprit de Mark Twain, des enfants qui tentent de s’en sortir malgré tout, du dynamisme et de l’humour, avec l’amitié comme moteur profond, puis, enfin, un côté western indiscutable car même si nous sommes en 1920 au départ de la série, la conquête de l’Ouest est encore bien là…

Le dessin de Xavier Fourquemin est parfaitement adapté et sa narration graphique est d’une belle efficacité en naviguant entre une forme de réalisme et un style jeunesse convaincant ! J’avoue ne pas avoir tout lu de son œuvre mais j’avais adoré son diptyque Miss Endicott avec Jean-Christophe Derrien. Je l’avais rencontré à l’époque et j’avoue que cette série Le train des orphelins me donne envie de l’interroger de nouveau car son graphisme me plait beaucoup et j’aime sa façon de raconter des histoires en bande dessinée…

J’entends bien que certains auraient préféré que la série soit plus centrée sur l’aspect historique mais je dois vous avouer que son équilibre, son humour, son humanité me conviennent tant que les quatre volumes parus – les deux derniers, Lisa et Joey constituant le cycle 2 – n’ont provoqué chez moi qu’une seule attitude : une impatience gigantesque pour la suite… qui heureusement arrivera début janvier avec le tome 5 !!!

 Cette série est réellement grand public et peut être dévorée par de jeunes lecteurs dès 9 ans !

Milan KLes fêtes sont l’occasion pour de nombreux éditeurs de faire paraitre des Intégrales, c’est-à-dire des recueils de bandes dessinées qui donnent d’un seul coup, en un seul volume, une histoire entière ou un cycle complet. Je sais que certains peuvent prendre cela pour du recyclage financier, de l’exploitation excessive de leur fonds éditorial, une façon de se faire de l’argent facile sans trop de travail… Je ne vois pas les choses de cette façon, disons-le clairement ! Je suis persuadé que le mécanisme des Intégrales est une façon de faire connaitre les séries, de donner à lire des blocs d’histoires complètes, de donner la possibilité aux plus jeunes lecteurs de découvrir le plaisir de la lecture suivie… Je sais bien que la bande dessinée est née du mécanisme à suivre et ce n’est pas moi, grand lecteur de magazines bédés durant de longues années [Pilote, Journal de Tintin et (A suivre)] qui vais vous prétendre le contraire. Mais, pour ceux qui n’ont pas été habitués dès le départ, cela peut parfois être long d’attendre la suite d’une histoire. Un dessinateur met en moyenne un an par album, une histoire en 3 albums s’étale donc sur une période assez longue, trop longue diront certains, d’où la possibilité d’avoir des histoires complètes d’un seul coup, en particulier au moment des fêtes…

Sam Timel et Corentin, sont les auteurs d’une très bonne série bédé, Milan K et on vous propose le premier cycle dans une Intégrale de très bonne tenue, un très beau livre à offrir.

Cette histoire est bien dans l’air du temps car nous allons plonger dans le destin de l’héritier d’un oligarque mafieux russe, grand ennemi de Vladimir Poutine. Euh, non ! En effet, nous sommes dans une fiction et il s’agit en fait du président Vladimir Paline. Le jeune Mikhail Khodorov se retrouve bien seul après l’élimination de sa famille et, heureusement, il a à ses côtés Igor, entièrement dévoué, pour tenter de survivre car l’héritier est grandement menacé…

Cela donne, bien sûr, une bande dessinée tumultueuse, avec un flux d’aventures, de crimes, de pièges, de trahisons, de manipulations en tous genres. On ne s’ennuie jamais et c’est bien construit, si bien que tout reste crédible, du moins si on admet, une fois pour toute, que la mafia existe bien, que certains gouvernements peuvent être corrompus jusqu’aux os et que certaines entreprises ne valent pas beaucoup plus au niveau humain…

Cette bande dessinée d’aventures, pour adolescents et adultes, est très bonne et mérite d’être offerte à l’occasion de ces fêtes de fin d’année. Ce premier cycle regroupe les trois premiers albums mais on attend avec impatience le cycle suivant…

Pour les puristes, le scénariste Sam Timel est américain tandis que le dessinateur Corentin Rouge est français. Ce dessinateur avait déjà travaillé sur une remarquable série publiée, elle-aussi, aux Humanoïdes associés, Le Samaritain.

La petite mort

Davy Mourier, jeune auteur touche à tout, pétri de talents car excelle dans le dessin, dans le scénario, dans le jeu d’acteur, dans l’humour… nous offre là une bande dessinée d’un genre particulier et pas si répandu, l’humour noir et grinçant. Ouvrons donc, même si la saison porte à plus de joie, La petite mort !

Ne nous trompons pas, passé la première surprise, celle de croiser la mort en personne dans une bande dessinée, vous allez réaliser qu’ici la petite mort est un personnage, la fille de la mort, et qu’elle n’a qu’une seule ambition, devenir fleuriste. Oui, vous l’avez bien compris, ici, Davy Mourier ne cherche pas, en premier, à nous faire peur ou réfléchir, il veut juste nous faire rire…

En même temps, quand on rit – le propre de l’homme selon certains philosophes – on doit s’attendre à entrer dans la réflexion métaphysique à tout moment, d’autant plus envisageable que le thème sera la mort…

L’histoire est présentée en petites séquences, courtes de trois cases à deux ou trois pages, avec parfois des coupures avec un dessin pleine page, ou une fausse publicité… et toujours l’histoire de cette petite mort et de sa famille…

Dans le premier volume, la petite mort va à l’école, dans le second au collège et dans le troisième… ben, il faudra attendre car seulement les quinze premières pages ont été dessinées par l’auteur… Par contre, il ne devrait y avoir que trois volumes dans cette série !

C’est accessible à tous les âges, à condition toutes fois que le lecteur apprécie l’humour noir. Davy Mourier m’a avoué avoir une fois dédicacé un album à un jeune de 6 ans, passionné d’humour noir, mais reconnaissons que c’est peut-être un peu jeune quand même… Le second volume convient totalement aux jeunes collégiens qui sauront bien se reconnaitre dans cette petite mort affrontant les difficultés existentielles de cet âge ingrat que l’on nomme adolescence…

Après Pierre Tombal qui m’a fait rire des années, voici une belle façon d’aborder la mort, l’éducation, la vie familiale, l’humour, l’amour… Oui, c’est vraiment une belle série de bandes dessinées sur la vie tout simplement !!!

A offrir à tous vos amis !!!

Michel

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