Direction Quai des bulles en compagnie de Romain Ronzeau…

Cette nuit, je suis tombé, de façon presque inattendue, dans un ouvrage qu’il est fort difficile de classer… Bande dessinée, roman graphique, documentaire, musicologie, histoire, fait divers, biographie, archives… Bref, il y a de tout ça et d’autres choses encore dans ce livre, « Les amants d’Hérouville, une histoire vraie ».

Je dis bien « tombé » car dès que l’on entre dans l’histoire de Michel et Marie-Claude, il est bien difficile de faire une pause. Tout s’enchaine, tout est lié, tout devient dramatique et fascinant et on ne peut qu’aller jusqu’à la fin, au moins celle de Michel Magne, le 19 décembre 1984…

Mais le mot « drame » cache d’autres aspects de cette histoire : la créativité, la musique, la fête, la recherche, le cinéma, la notoriété, les années soixante-dix, la pop-rock de notre adolescence, la magie d’un lieu et la grande histoire d’amour entre Michel et Marie-Claude… Mais comme il n’y a pas d’amour heureux, du moins c’est le poète qui l’affirme, c’est bien aussi un drame humain…

Ce livre, 250 pages (et pas en petit format écrit en gros), est à lui seul une performance. Yann Le Quellec et Romain Ronzeau réalisent un véritable travail de fourmi, une présentation d’archives et de témoignages pour faire revivre ce musicien de talent et génie, cet homme incroyable, son château d’Hérouville et ses studios. Il y a du texte, du dessin, de la photo, des tableaux, des articles de journaux… Bref, c’est un rendez-vous multimédias sur papier et c’est ahurissant de voir tout cela… L’avantage du dessin et de la bande dessinée étant de pouvoir redonner de la vie à tout ce que l’on ne peut pas voir en photos…

Alors, je sais, vous allez me dire que pour évoquer un compositeur de génie, il faudrait quand même un peu de son… Il y en a avec une possibilité d’écouter la playlist « Les amants d’Hérouville » sur Spotify, Apple music ou Deezer… Les auteurs et l’éditeur ont pensé à tout, il ne vous reste plus qu’à vous laisser porter !

Pour ceux qui ne connaissent pas (encore) Michel Magne, précisons qu’il fut un compositeur avant-gardiste à sa façon mais surtout le créateur de la musique de très nombreux films de son époque comme Compartiment tueurs, Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, Un singe en hiver, Le repos du guerrier, Fantômas se déchaîne, La route de Salina, Merveilleuse Angélique…

Quant aux groupes et musiciens qui sont venus travailler au château d’Hérouville, leurs noms racontent une grande histoire de la musique des années soixante-dix : Pink Floyd, Elton John, Iggy Pop, Bill Wyman, Gene Kelly, David Bowie, Bee Gees…

Mais cette histoire est aussi le récit de la démesure, de la déchéance, de la violence et de la souffrance, du travail forcé pour survivre… C’est aussi la rencontre avec une femme libre, moderne, douce et aimante qui n’arrivera pas à sauver Michel quand il tombera dans le gouffre…

Je ne peux pas tout évoquer, du dessin parfait de Romain Ronzeau jusqu’aux pages de la fin qui permettent à quelques personnalités de rendre hommage à Michel Magne, il faut sans aucun doute lire ce livre et on comprendra tout sur cette époque grandiose et aussi dramatique qui a bouleversé au moins une génération… la mienne !

Durant le festival Quai des bulles de Saint-Malo, je vais avoir le plaisir d’évoquer cet ouvrage et cette période avec le dessinateur Roman Ronzeau et je m’en réjouis d’avance !

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