Le retour de Michel Vaillant

Je n’ai jamais été un grand lecteur des aventures de Michel Vaillant, personnage créé par Jean Graton en 1957 dans Le journal de Tintin, le magazine jeunesse de Raymond Leblanc. Il faut dire que cette histoire de pilote automobile ne me donnait pas envie. OK, ça tourne, ça se bouscule et au bout d’un moment, il y a un vainqueur et des perdants… Et, parfois le gagnant est Michel Vaillant !

En fait, je suis de mauvaise foi car un album m’avait marqué dans ma jeunesse, celui où les voitures de course étaient remplacées par des camions : Route de nuit. Il s’agit là du quatrième album de la série et il était sorti en 1962… Cette histoire m’avait tellement touché que lorsque je faisais du vélo je me croyais au volant d’un camion semi-remorque… Et après, je ne rouvrais pas un Michel Vaillant pendant de longues années… Je voyais de loin les couvertures en librairie, je découvrais la série parallèle, sans l’ouvrir, Julie Wood (à partir de 1976)…

Et voilà que l’on annonce un redémarrage de la série cette année ! Je me suis dit qu’il était temps de comprendre un peu mieux ce Michel Vaillant et ses amis. Du coup, j’ai ouvert un tome de l’intégrale, le volume 17, et je me suis plongé dans L’affaire Bugatti (1991) puis Une histoire de fous (1992)…

Bien sûr, pour tous ceux et celles qui n’aiment pas les courses automobiles, la série ne présentera probablement pas les attraits nécessaires pour vous séduire totalement. Pour autant, il serait injuste de l’enfermer seulement dans le monde du sport automobile. Pour l’aspect réalisme, précisons que Jean Graton s’est toujours entouré d’une équipe complète pour réaliser ses bandes dessinées. Il s’agit bien d’un Team Graton comme il y avait les Studios Hergé ou Peyo…  Philippe Graton, fils du créateur, est lui-même entré dans l’équipe et travaillera avec son père à partir de l’album Le maitre du monde (1993), histoire qui est aussi dans ce même volume de l’Intégrale.

Mais la saga des Vaillant est avant tout, du moins à mon avis, une histoire familiale avec des personnages liés entre eux par le sang, puis par l’amour et, parfois, même, la haine, la jalousie… On a le père Henri, le patriarche qui tente de veiller au grain, qui a des valeurs éthiques indiscutables. Il a le fils ainé, Jean-Pierre, l’ingénieur pointu, l’organisateur et logisticien de qualité, celui qui est souvent dans l’ombre mais diablement efficace. Enfin, on trouve Michel le pilote, le sportif, le héros généreux et fidèle, courageux et honnête. Il est toujours prêt à relever les défis au nom des valeurs fondamentales de la vie. C’est un grand ! Tout simplement…

Il y a les proches… Françoise, la journaliste, devenue madame Michel Vaillant. Mais aussi Julie Wood, Steve Warson, tantôt ennemi tantôt ami, qui finira par être un des plus proches amis de Michel malgré son caractère de chien… On peut aussi citer Yves, Gabrièle, Pierre… Il faut aussi parler des « méchants » car il n’y aurait pas une bonne bande dessinée sans ces terribles personnages toujours prêts à violer les règles élémentaires du savoir-vivre…  Il y aura donc Ruth, celle qui a aimé, à sa façon, Steve Warson, et qui est aussi pilote et Bob Cramer, l’américain qui pilotera au Mans la fameuse voiture 13… C’est au sein de l’écurie Leader que l’on retrouvera ceux qui contestent de façon totale et absolue une quelconque prédominance Vaillant… tous les coups sont permis…

Dans L’affaire Bugatti, nous sommes dans une histoire d’escroquerie où les voitures ne sont qu’un objet de convoitise et on aurait pu trouver cette histoire avec d’autres objets que des voitures de courses. C’est l’occasion pour l’auteur de nous parler de la saga automobile Bugatti, une marque qui fait encore rêver aujourd’hui…

Dans Une histoire de fous, nous prenons le chemin d’une course mythique où tous nos champions vont s’affronter de façon originale car les motivations individuelles remplaceront les objectifs d’écurie… c’est l’occasion de préciser que certains pilotes bien réels fréquentent les mêmes circuits que Michel Vaillant. Pour certains d’entre eux, il s’agit de véritables amis de Jean Graton, et on peut citer dans cette catégorie un certain Jacky Ickx présent dans cette histoire…

En 2007, à l’occasion de la sortie du soixante-dixième album des aventures de Michel Vaillant, Philippe Graton, qui a repris seul les destinées du personnage, décide de clore la première saison des aventures de Michel Vaillant. Il n’enterre pas Michel Vaillant, il décide d’en confier le futur, la deuxième saison, à une équipe avec qui il restera en contact : un grand scénariste, Denis Lapière, et un duo de dessinateurs, Marc Bourgne et Benjamin Beneteau… Et on annonce le premier épisode de cette série pour le 16 novembre…

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Intégrale de Michel Vaillant
Tome 17
Jean Graton et Philippe Graton
Editions du Lombard

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Au nom du fils
Michel Vaillant, Saison 2
scénario: Philippe Graton et Denis Lapière
dessin: Marc Bourgne et Benjamin Benéteau
couleur: Christian Lerolle
Dupuis (à paraitre en novembre 2012)

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