Mes meilleures rencontres, mes plus beaux souvenirs d’Angoulême 2013… (2ème partie)

Dans les meilleurs souvenirs la tentation est toujours forte de glisser les rencontres avec les auteurs que l’on connaît déjà. C’est rassurant, c’est sans risque. On les a déjà rencontré, on parle de ce qu’ils font et que l’on aime depuis longtemps, on les flatte tout en se flattant puisque l’on apprécie leur travaux depuis longtemps… Mais un tel festival est d’autant plus marquant par ses moments passés avec des personnes que l’on ne connaissait pas, que l’on découvre, qui suscitent immédiatement une admiration ou, plus fort encore, avec qui on se sent naturellement en confiance au bout de quelques secondes…

C’est ce qui m’est arrivé quand je suis allé rencontrer, dans un bar d’Angoulême, après une longue journée d’interview, Dem et Looky… Ces deux noms ne vous diront pas grand-chose. Ils ne sont pas encore sur le devant de la scène du neuvième art et les lecteurs ayant apprécié le graphisme de qualité de Looky ne sont pas encore des millions, mais attention, cet état de fait peut changer vite…

L’envie de les croiser, au moins quelques instants est née de la lecture d’un album au nom connu, pour ne pas dire plus, Blanche Neige. Ce personnage de conte appartient indiscutablement à notre mémoire collective et le dessin animé de Walt Disney a consolidé ce mécanisme. Plus récemment, c’est le cinéma qui est venu nous montrer que ce conte n’était pas pour les enfants et il était intéressant de comprendre pourquoi ces jeunes auteurs se retrouvaient pris dans une telle aventure, comme s’il n’y avait pas assez de champs nouveaux à aller explorer… Pourquoi encore Blanche Neige ?

Looky en dédicace privée…

J’avais préparé mille et une questions pour dénicher chez eux un attrait financier – sortir une bédé en même temps que le film – ou une trace de fainéantise – nous faisons du Blanche Neige parce que nous n’avons pas d’autres idées – alors que je tombais sur deux jeunes auteurs sympathiques qui étaient heureux d’avoir eu l’occasion d’explorer un conte qui les avait enchanté jadis…

Looky, dessinateur un peu plus expérimenté, accompagné de Dem, qui est aussi sa moitié dans la vie, se sont appuyés sur un scénario de Maxe L’Hermenier pour nous livrer une Blanche Neige surprenante, cohérente et très agréable à rencontrer. Certes, tous les dessins ne sont pas pour les enfants, mais qui croit encore aujourd’hui que les contes des frères Grimm sont destinés aux enfants ?

Pourquoi se tourner vers des contes connus, pourraient dire certains grincheux parmi vous ? Je veux juste rappeler que les Frères Grimm, eux-mêmes, n’ont fait que mettre en forme une histoire qui venait de la tradition orale et de la mythologie germanique… Raconter ce type d’histoire c’est ce réapproprier le mythe et le transformer pour enchanter, au sens propre du mot, le lecteur ! C’est bien ce qu’on fait Dem et Looky, c’est une version avec des dessins forts, reflets d’un univers complexe aux tensions bien réelles, avec, en plus, des nains cannibales !

Quant à la sorcière, pour s’en débarrasser, je ne vois qu’une solution, celle qui est exposée dans cet album, le bûcher !

Et c’est au tour de Dem de dédicacer avec concentration…

Après avoir parlé de la simplicité et de la gentillesse des dessinateurs de cet album, après avoir dit combien cette appropriation était réussie, je voulais insister encore un peu en affirmant que ce Blanche Neige est aussi bien sympathique par la proposition finale, une série d’illustrations et textes qui donnent des témoignages sur « ma vision de Blanche Neige »… Marc Moreno, olivier Boiscommun, Alexis Sentenac, Xavier Roth Fichet, Julien Mariolle, Eric Hérenguel, Agnès Maupré, Régis Penet, Laurent Bonneau, Tony Valente, Paul Marcel, Djet et Brice Cossu se sont prêtés au jeu et c’est fort bien pour le lecteur qui aimerait, lui aussi, mettre son petit grain de sable à l’édifice…

Enfin, sur le même thème des contes, nous avons eu l’occasion de rencontrer plusieurs auteurs s’étant autorisés à se réapproprier des contes classiques, mythique ou mythologiques. C’est ainsi que nous avons lu le Cendrillon de Trif des éditions Tabou, un version érotique du conte – mais nous savions bien que Cendrillon était une bonne à tout faire – et cet auteur italien a accepté de converser avec nous quelques minutes. Enfin, comment ne pas évoquer toutes les bandes dessinées qui surfent sur l’Heroic fantasy en s’appuyant sur des légendes celtiques, nordiques ou asiatiques ? Et cela nous ramène à nos rencontres fascinantes avec David Chauvel, Hub, Emmanuel Michalak, Jérôme Lereculey…

Oui, finalement, le festival d’Angoulême est une grande occasion pour replonger dans notre enfance celle où certaines personnes prenaient le temps de nous aborder en nous disant :

« Il était une fois… »

Et c’est bien pour cela que certaines rencontres sont si belles et agréables ! Merci Dem, Looky, Hub, Chauvel, Michalak, Lereculey et tous les autres pour ces magnifiques retours en enfance qui rendent la vie si belle !

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Blanche Neige

Scénario de Maxe L’Hermenier, dessin de Looky et Dem

Editions Ankama

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