Purple cane road
de James Lee Burke

critiqué par Tistou, le 30 septembre 2005
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Louisiana !
Dernier Dave Robicheaux en date. Et JL Burke n’y va pas de main morte, Dave Robicheaux est amené, au détour d'une enquête, à retrouver la trace de Mae, Mae Robicheaux, qui n’est autre tout de même que la maman de Dave, qui les a quittés, son père et lui, quand il était petit. JL Burke nous en a abondamment parlé dans ses volumes antérieurs, faisant référence à ce traumatisme de l’enfance pour expliquer des dérives de Dave ; son alcoolisme, sa violence, …
Là il fait très fort, il obtient incidemment des infos sur l’assassinat de sa mère. Car bien évidemment elle est morte, de manière violente. Ce serait trop facile !
Le lancement de Purple Cane Road est magnifique. Ca tourne comme des bielles bien huilées tout au long des 80% du récit. Ca s’emballe un peu sur la fin, donnant une impression de « il faut boucler avant la 329ème page » ! Et ça descend ; les morts, et les actes de violence. Peut être un des épisodes de Dave Robicheaux les plus violents (en nombre de cadavres) que j’ai lus ?
Et toujours l’écriture, le positionnement de JL Burke dans son monde : la Louisiane. Vous savez la Louisiane, là où un cyclone a tout ravagé il y a peu ? Un petit extrait ? C’est Dave Robicheaux qui explique :
« A l’âge de 19 ans, j’avais travaillé au large, sur une barge sismographique que les ouvriers du pétrole appelaient camionnette. C’était l’été 1957, l’été où l’ouragan Audrey avait provoqué, sur le Golfe du Mexique, un raz de marée gigantesque qui avait frappé la ville de Cameron en Louisiane, et l’avait effacée de la surface de la terre, en tuant des centaines de personnes.
Des semaines durant, on retrouva des cadavres dans les fourches des gommiers du marais ou dans les îlots de cyprès déracinés de leurs marécages et partis flotter jusque dans le Golfe. Parfois, les longs câbles d’enregistrement gainés de caoutchouc que nous tirions depuis la poupe et le proue du « cruchon », notre barge de forage, s’accrochaient aux branches d’un arbre submergé au beau milieu d’une baie ou d’une rivière. Un membre de l’équipage était alors obligé de descendre pour les dégager.

Tard un après-midi de juillet, je descendis à 5 mètres jusqu’à toucher le tronc lisse et boueux d’un énorme cyprès. J’avançai à tâtons le long de l’écorce et me cognai à l’amas de radicelles d’où je dégageai le câble en le faisant glisser de la racine centrale.
Un nuage de boue grisâtre pareil à un champignon se leva autour de moi, comme si je venais de déranger une enveloppe d’air froid prise au piège du labyrinthe de racines. Soudain le corps d’une femme se dressa au sortir de la vase et vint se coller à moi, sa chevelure glissant sur mon visage, sa robe flottant au-dessus de ses sous-vêtements, les bouts de ses doigts bagués venant effleurer ma bouche. »
Au bilan un épisode qui s’inscrit parfaitement dans la continuation de tout ce qui précède, et qui donne un élément de ce que sera le prochain, pensé-je !
Dave Robicheaux : douzième acte 8 étoiles

Certes on ne s'ennuie pas, mais rien ne change dans cette histoire par rapport aux précédentes. On retrouve les éléments ayant participé au succès des œuvres antérieures.
Malgré un ensemble réussi, on peut déplorer ce manque d'innovation et cette absence de surprises, avec une construction identique et toujours autant de personnages issus des bas-fonds de la Louisiane gangrénée par une mafia omniprésente et une corruption incurable.
Quant à la violence, elle fait partie intégrante du personnage et donc de la série des Dave Robicheaux et n'est ni plus ni moins présente qu'à l'habitude.

Ayor - - 51 ans - 8 novembre 2011