Rêves de Russie
de Yasushi Inoue

critiqué par Idelette, le 11 septembre 2005
( - 61 ans)


La note:  étoiles
Espoirs et amertume
Kôdayû est capitaine d'un bateau de commerce. Il quitte, fin XVIIIe , son port d'attache au Japon. Après une effroyable et longue tempête, ils s'échouent sur les côtes russes, inhospitalières mais chaleureuses du Kamtchatka. Seuls 2 marins pourront revenir, après 10 ans d'attente, d'espoirs et de rencontres...

On assiste, avec ce livre d'Inoué, à une lente descente en enfer. Ces marins doivent s'adapter au climat et à la langue en plus de comprendre les moeurs et les gens. Kôdayû exhorte les naufragés à s'adapter, à vivre comme leurs hôtes comme s'ils devaient passer toute leur vie là tout en voulant rentrer. Il écrit un dictionnaire russe-japonais, note chaque découverte et notamment la bienveillance des russes à leur égard se demandant comment des étrangers naufragés seraient accueillis au Japon.

Comme souvent chez Inoué, les héros sont seuls, ils doivent convaincre. Ici, l'incompréhension et la solitude sont constantes mais elles deviennent presque insupportables quand elles sont vécues dans leur propre pays. D'ailleurs les années qui suivent leur retour sont expédiées en quelques pages alors que les mois passés à attendre à Saint Pétersbourg sont minutieusement décrits, etc... Comme si Inoué ne voulait pas trop se pencher sur ce cas de figure.

C'est un beau livre, lumineux, original, désenchanté et amer. C'est un roman mais inspiré d'histoires vraies...
Ulysse japonais, merveilles et tristesses 9 étoiles

À la fin du XVIIIe siècle, un navire japonais, commandé par le capitaine Kodayu, fit naufrage sur la berge des îles Aléoutiennes, au sud du Détroit de Béring (actuelle Alaska). Plus de la moitié de l'équipage aura trépassé et pour survivre, le reste des marins devront s'adapter au climat et au mode de vie des indigènes et des marchands de fourrures russes. Afin de rentrer au Japon, ils devront parcourir la Russie au complet, du Kamtchatka jusqu'au palais de l'impératrice Catherine à Saint-Pétesbourg, en passant par la froide Sibérie.

Mais au cours des dix longues années passées en Russie, les survivants du naufrage vont peu à peu s'attacher à la chaleur de ses habitants et à une joie de vivre qu'ils ne connaîtront pas à leur retour à l'archipel nippon. Voilà toute la force de ce roman d'Inoué : la dualité affective entre deux pays. Certains des naufragés décideront de rester en se convertissant à la religion orthodoxe et en prenant un nom russe, d'autres mourront, faute de ne pas vouloir s'adapter, tandis que seule un petite partie d'entre eux pourront retourner au Japon, la tristesse dans l'âme et le regard de leurs siens pesant lourd sur leur coeur, à une époque où le Japon était fermé à toute influence étrangère.

Un roman d'une profonde mélancolie, dans une écriture mélangeant narration fictive et extraits de carnets de voyage.

Montréalaise - - 31 ans - 5 janvier 2012