Eku est un village des Grands Lacs. Lorsque Ayané, qui étudie en France, rentre au pays, c'est la désolation. La guerre civile fait rage. Les soldats, sous prétexte de vouloir unifier la grande Afrique, réclament les hommes valides pour faire la guerre et les filles pour motiver les soldats. Ne reste alors qu'une terre ingrate livrée à des vieillards, des femmes et de jeunes enfants. L'avenir est sombre. Les rebelles investissent le village et réclament un sacrifice, un jeune mâle pour réunir toutes les tribus séparés. Le chef du village s'y oppose, le chef des rebelles l'égorge...
Roman puissant et magistral que cet "Intérieur de la nuit" de Léonora Miano. Un texte qui fait naître des questions, importantes et dangereuses, sur notre vision du monde, la culture que nous avons et que nous n'appliquons que très mal à autrui. Il y a ici une notion du bien et du mal qui diffère selon que l'on se trouve en France ou en Afrique. Il y a le visage de cette Afrique qui tend la main vers l'Occident et puis le visage d'un continent qui se déchire et détruit les siens sans scrupules. Multifacettes d'une terre qui souffre et n'épargne rien à ses populations, déjà bien meurtries par les caprices de Dame Nature. Peu de complaisance dans l'écriture de Léonora Miano, elle dénonce, les siens comme les autres. Et au final, il y a un sentiment dérangeant qui prend de plus en plus de place et pousse à s'interroger sur le destin d'une nation, sur l'aide à lui apporter ou sur la passivité à observer face à ses errances et ses dérives. C'est un roman fort, choc, qui présente l'Afrique sous un jour peu glorieux et ne cesse d'interpeller sur comment remédier à tout cela...
Sahkti - Genève - 51 ans - 17 mars 2006 |