La déglingue
de Remo Forlani

critiqué par Sibylline, le 4 septembre 2005
(Normandie - 73 ans)


La note:  étoiles
Autobiographie
Si je vous avouais que je n’ai pas bien compris le titre… Vous vous diriez : « Ca commence mal! ». Bon, alors, je ne le dis pas. Mais tout de même… Est-ce parce qu’il nous raconte le moment où Remo a fumé et bu pour la première fois ? Mais de là à déglinguer, tout de même… Enfin bref, le reste est limpide et me convient tout à fait.
Nous avons affaire à une autobiographie à laquelle l’auteur a pris la peine de donner la forme d’un roman. La maman de Remo est morte brutalement environ une semaine avant qu’il ait 17 ans et, en nous racontant cette semaine qui a changé sa vie, il nous raconte ce qu’il avait vécu jusque là.
Nous sommes à Paris, encore sous l’occupation. L’époque est aux tickets de rationnement et aux privations. On a faim et froid. Tout manque. On s’est insensiblement habitué à une gestion de la misère. Le système D marche à fond et on arrive même à penser à autre chose : les filles, la peinture, les filles, l’élégance vestimentaire, les filles, le théâtre… en tout cas, quand on a 17 ans.
Les rues sont sillonnées de miliciens, de policiers et de soldats allemands. Force fait loi. On voit les Juifs disparaître. Tout seuls, parfois, mais plus souvent hélas, emportés on ne sait trop où, mais on sait que ce n’est pas bon. La vermine règne en maître, mais où sont les braves gens ? Pas forcément les héros, non, les simples braves gens ? Ben, ils sont là aussi, mais plus discrets, moins nombreux peut-être, mais pas sûr, et en tout cas, en dessous.
Remo Forlani nous fait un peu entrer dans le monde des immigrés italiens de cette époque. J’ai repensé aux «Ritals» de Cavanna. Surtout, en ce qui me concerne, j’ai retrouvé l’histoire personnelle d’un homme pour qui j’ai toujours eu de l’estime, et j’ai bien aimé aussi l’adolescent qu’il avait été.
Comme je l’ai dit, cette autobiographie s’arrête à 17 ans. Remo n’est pas encore entré dans le monde qui va être le sien, mais il en est au seuil. Une page est tournée, celle de l’enfance.
Il a écrit la suite de ses mémoires, celle qui le verra rencontrer des gens qui seront ou deviendront célèbres, dans un autre ouvrage intitulé «Toujours vif et joyeux »