80 étés
de Jeanne Herry

critiqué par Cuné, le 28 août 2005
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Ce qui la construit...
Charmant et sensible ? Oui, et aussi pudique et frais, profond et léger, drôle et émouvant. Un tout petit récit autobiographique autour de la mort du grand-père, qui déstabilise Jeanne et lui permet de nous présenter sa famille, de nous inviter dans son univers.
Quand on est fille de, réussir d'une plume délicate à nous parler de célébrités tout en ne nous parlant que de personnes vraies, est un très joli exercice.
J'ai particulièrement été touchée par le passage criant sa détresse à l'idée de la mortalité de ses parents, quel que soit notre âge cette idée est toujours terrifiante.
Une excellente façon de faire connaissance avec Mlle Herry, j'espère que sa plume n'en restera pas là...
Un beau petit livre 8 étoiles

"Paul aura vécu 86 étés" - Paul est le grand-père de Jeanne. En s'éteignant, Paul a pris une part de la jeune femme - celle de l'enfance, de l'adolescence et de la femme à éclore. En ouvrant ce beau petit livre, j'avais clairement le sentiment de lire une "ôde à ma famille". Jeanne qui clame son amour pour sa mère, son père, désormais divorcés et replacés, sa belle-mère, son beau-père, ses demi-frère et soeurs. Pour son grand-père, avec qui elle partageait une connivence exclusive. Jeanne aime son petit monde, elle le partage avec le lecteur; forcément on s'attache, on aime ces belles personnes. Ils sont tous beaux, gentils, aimants et aimés. C'est merveilleux !

Mais aussi, il y a les fêlures : divorce, déchirement, timidité maladive, rougissements excessifs, blocage du sentiment amoureux, un corps maladroit, encombrant, un moral en béton, des dents longues... J'ai beaucoup aimé la transparence du récit de Jeanne Herry, qui est fille d'artistes connus. Pourtant elle ne le revendique pas comme un étendard, comme elle ne règle aucun compte avec personne. C'est un livre très pudique, également. Elle dit des choses personnelles et intimes, pourtant on devine la retenue pour ne pas faire échapper la vulnérabilité. J'ai gobé tout entier ce texte, j'ai trouvé que c'était un hymne plein de justesse, de tendresse et d'amour. Pour tous ces gens qu'elle aime, qui l'aiment en retour, Jeanne livre donc des pages sincères, qui rendent la jeune femme terriblement attachante et sympathique. "80 étés" est un beau petit livre, sans chichis, sans prétention, juste fait avec amour.

Clarabel - - 48 ans - 6 octobre 2005