Les Eygletière
de Henri Troyat

critiqué par Manon, le 26 août 2005
(Paris - 35 ans)


La note:  étoiles
Chronique d'une famille bourgeoise dans les années 1960.
"Les Eygletière" est un des cycles romanesques peu connus d'Henri Troyat pourtant cette trilogie est excellente et dévoile toute l’étendue de son talent.
Cette saga narre la déchéance d'une famille bourgeoise cossue qui vit depuis trop longtemps dans son hypocrisie et sa fausseté.
Le premier tome Les Eygletière (qui sera suivi de La faim des lionceaux et de la Malandre) plante le décor, les personnages. Il y a tout d’abord Philippe, le père. Sot gonflé d’orgueil et de prétention, Philippe vit dans une bulle, aveugle à tous les drames qui couvent. Il est fraîchement marié à Carole, qu’il trompe allègrement, jeune femme de 30 ans trop séduisante et à peine plus âgée que son fils aîné Jean-Marc. Ce dernier, jeune homme charmant et brillant de vingt-deux ans, fait la fierté de son père en suivant le chemin que celui-ci a tracé pour lui. Françoise, la cadette est une jeune fille prude, terne, bigote, fiancée à Laurent, jeune homme bien sous tous rapports. Quant au benjamin, Daniel, il est quelque peu niais et rate ses études avec beaucoup d’enthousiasme.
Mais dans cette atmosphère honorable les dissensions se profilent. Ainsi, Jean-Marc, personnage central dans ce tome, tombe rapidement sous le charme de sa ravissante belle-mère, cette dernière goûtant avec plaisir aux joies voluptueuses de l’adultère. Devenu son amant, Jean-Marc est désemparé, déchiré, il a trahi la confiance de son père. Quant à Françoise, elle voit ses plans bouleversés lorsqu’elle rencontre à ses cours de russe Alexandre Kozlov, son professeur cynique de 15 ans son aîné (dans un ‘Troyat’ il y a toujours un Russe qui se faufile ;-)). Daniel, aveugle à tout, décide de se rendre en safari en Afrique afin de connaître quelques aventures différentes de celles qu’il a connues jusqu’alors…
Le style de Troyat est acéré, vif, sans compromis, n’épargnant aucun de ses personnages. En effet, l’œil aigu de l’auteur traque la moindre faille, la moindre faiblesse chez ses protagonistes. Il excelle dans les descriptions sordides de ce petit monde sombre et antipathique, dévoilant avec brio chacune de leurs pensées. Ce roman est profond, dense, âcre.
Même si le premier tome est mon préféré, les deux suivants sont tout aussi excellents. Ainsi les personnages, prennent de l’ampleur, gagnent en épaisseur, se dirigeant inexorablement vers un destin dont l’issue sera fatale, dramatique.
Un Henri Troyat qui marque.
drame 10 étoiles

La vie tout simplement.

J'ai beaucoup apprécié dans le 3ème volume, la description en filigrane de l'amour naissant des deux garçons. D'une délicatesse... c'est de la dentelle.

Petronie - - 67 ans - 18 septembre 2006