Modestes propositions aux grévistes : Pour en finir avec ceux qui nous empêchent de vivre en escroquant le bien public
de Raoul Vaneigem

critiqué par Kinbote, le 9 août 2005
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Le kit du parfait réformateur sans le mode d’emploi
Un livre composé de trois sections : 12 constats pour un état des lieux du monde ; 5 thèses sur la phase transitoire entre l’économie boursière en stagnation et un dynamisme fondé sur la production d’énergies renouvables; 13 propositions pour faire primer la vie sur l’économie. Au total, cela donne un drôle de fourre-tout, peu clair sur les moyens de parvenir aux fins souhaitées, écrit dans une belle langue certes - qui voudrait rivaliser avec celle de Debord ? – mais avec des redites et une faculté au ressassement qui finit par irriter.
Entre le ton apocalyptique et dithyrambique avec lequel Vaneigem pourfend les politiques tous pourris, la spéculation boursière et le système totalitaire marchand, et le ton « avenir radieux » avec lequel il décline les douces utopies basées sur la gratuité de l’enseignement, des services publics, des soins de santé de même que l’abolition de l’argent et de la valeur d’échange, on ne voit pas bien comment se produira le passage, la transition ou plutôt le difficile saut. Car Vaneigem ne se revendique ni des révolutionnaires ni des divers mouvements de gauche. Il semble croire que la transition qu’il appelle de ses voeux se fera aussi naturellement que les énergies dont il espère l’utilisation.

Son essai manque d’exemples, d’explications, de mode d’emploi, d’attaches réelles. En tout cas de références livresque, rapportant à ses propres livres ou à ceux d’autres auteurs. Mais non, Vaneigem (né en 1934 à Lessines dans le Hainaut), fort sans doute de sa notoriété, semble se positionner en penseur isolé alors qu’on sait que de nombreux livres isus du mouvement associatif ou de l’altermondialisation sont publiés. Si l’on regarde la liste de ses livres, y compris le fameux Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, on observe cette tendance à la généralisation, à la lettre ouverte, au catalogue d’intentions ou au rappel des « banalités de base...
Il évoque à un moment « l’expérience des conseils ouvriers de 1917 et des collectivités d’Andalousie, de Catalogne et d’Aragon qui, dans les années 1936 et 1937 avaient rendu l’usage de l’argent inutile » mais ne nous dit pas quel fut leur mode d’existence ni par quels moyens cette expérience pourrait aujourd’hui être possible.
Dommage.