Eblouissements
de Martine Broda

critiqué par Sahkti, le 5 août 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
La souffrance de Martine Broda
"J'ai beau écrire mon nom, il me fait toujours aussi mal son chiffre est beau et douloureux il brûle mais ne m'éclaire pas. Faut-il trouver un autre nom dans la nuit ou dans la neige. Faut-il le rendre le plonger dans la mer. Mon nom volé je l'écris sur la vitre d'un doigt froid et humide je l'écris noir sur noir. Il fond sur la vitre où j'écrasais mon nez d'enfant cherchant à voir je ne sais quoi ce noir toujours derrière le reflet la forme des corps. Ecrire son nom c'est jouer à la neige et à la pluie derrière la vitre qu'ils n'allumeront plus pour qu'un nom jamais la forme de son corps."

"Eblouissements" est une compilation de quelques textes poétiques de Martine Broda, une grande partie d'inédits, ainsi que "Tholos" (un bel hommage poétique de Martine Broda à sa soeur décédée) et "Grand Jour" (édité chez Belin en 1994).
Des textes rassemblés dans un ordre quelque peu hétéroclite, ajoutant ainsi un charme certain au caractère déjà désordonné de cette poésie riche et vivante, jonglant entre intimité de l'âme et érotisme.
Chaque texte de ces "Eblouissements" ressemble à une fusion, une alliance. Des corps bien sûr, mais aussi des âmes entre elles, ou du corps et de l'âme, ou des choses, ou de la terre avec l'homme. Tout est prétexte à étreinte sauvage et violente qui interpelle et peut faire mal. C'est que Martine Broda écrit une poésie dure, sans répit, ses phrases peuvent être longues et avoir la puissance d'une claque.
De la belle poésie, brute et naturelle, par laquelle l'auteur confie son âme à ses lecteurs. Un beau cadeau.