Dirty Week-end
de Helen Zahavi, Jean Esch (Dessin)

critiqué par Cuné, le 28 juillet 2005
( - 56 ans)


La note:  étoiles
3 croix avant la punition
La 4° de couv nous annonce que cette réédition (2000) - longtemps attendue - du premier roman noir signé Helen Zahavi (1991)... et du dernier en date des ouvrages de littérature à avoir fait l'objet d'une demande d'interdiction au Parlement de Londres, pour cause d'immoralisme... Un classique absolu du genre.

Forte de cette introduction, je m'attendais bien à une histoire de nana qui sature, pète les plombs et se venge de la maltraitance et de la domination masculine, mais je ne m'attendais pas à ça !!

Bella est tranquille, à Brighton, elle vivote dans un sous-sol trop sombre, n'embêtant personne et espérant que la réciproque sera vraie. Mais cela ne peut se faire, d'abord parce que la vie n'est pas comme ça, et surtout parce que Bella attire les ennuis. Les hommes ont envie de lui faire mal. Elle subit, accepte, tremble, jusqu'au jour où cela ne lui est tout simplement plus possible. Alors elle se rebelle.

"Parfois, il vous vient des pensées, mais vous ne les formulez pas. Ce sont des pensées si horribles que vous ne pouvez même pas croire qu'elles viennent de vous. Vous croyez que personne d'autre ne peut avoir de telles pensées, alors vous les gardez pour vous. Vous conservez vos pensées ignobles dans un coin de votre tête, en un petit tas d'excréments méditatifs"

Mais si Bella donne libre cours aux siennes, tremblez Messieurs autour d'elle....

Ce qui est tout à fait remarquable dans ce roman, c'est le dosage précis et jouissif d'humour, de violence et de tragique. Un cocktail détonnant, surprenant, qui se lit d'une traite, mais qui n'est pas pour tout le monde, soyez-en avertis !
Sois sage ou sinon la Bella va venir te chercher 8 étoiles

« Bella aurait pu avoir une réaction décente. Elle aurait pu réagir comme les gens décents. Elle aurait pu remplir son petit ventre rond de barbituriques, ou bien se jeter, avec une belle désinvolture, du haut d’une tour. Les gens auraient trouvé ça triste, mais pas inconvenant. Ah, pauvre Bella, auraient-ils soupiré en jetant ses restes dans la terre à l’aide d’une pelle. Sans doute n’en pouvait-elle plus, auraient-ils dit. Au moins avait-elle eu la décence de réagir avec décence. »

Le ton est donné. S’en suit l’histoire d’un week-end de cette Bella qui décide de passer du statut de l’agneau à celui de boucher, puisque le statut de spectateur lui est interdit.

Un style percutant, des phrases courtes, des changements de styles pour maintenir le lecteur en haleine, un humour noir et un certain détachement qui m’ont, à certains égards, rappelé le film « c’est arrivé près de chez vous ».

Mieke Maaike - Bruxelles - 51 ans - 13 septembre 2005