Le facteur fatal
de Didier Daeninckx

critiqué par Sibylline, le 16 juillet 2005
(Normandie - 74 ans)


La note:  étoiles
Sept villes
Je pensais acheter un roman, et en fait, il s’agissait d’un recueil de nouvelles. Sept nouvelles d’une trentaine de pages, sauf une, plus longue. Ce sont des nouvelles policières articulées entre elles comme étant différentes enquêtes menées par l’inspecteur Cadin, dans différentes villes de France, au fil des années. (L’inspecteur est souvent muté, pas toujours volontairement.)
Sans m’être franchement antipathique, il s’est cependant trouvé que ledit inspecteur ne m’emballait pas vraiment. Dans la vraie vie, cela aurait donné quelqu’un que j’aurais côtoyé sans déplaisir, mais sans chercher non plus à le connaître davantage. Dans un livre… devinez.
Mais c’est bien écrit. Certaines pages, très bien, même. Et j’aime bien Daeninckx, alors j’ai tout lu, sans trop de peine d’ailleurs, n’exagérons pas.
Cadin collectionne les faits divers insolites. Mais attention, cette déclaration de la quatrième de couverture, qui n’avait pas été pour rien dans mon achat, est à prendre au tout premier degré. Cela veut dire qu’il les recherche dans les journaux, les découpe et les colle dans un album. Les faits divers dont il s’occupe dans ses enquêtes n’ont rien, eux, de très, très insolite. Comment cacher que je l’ai regretté?
Conclusion, les histoires ne sont pas trop mal, mais surtout très bien racontées. Ce qui pêche le plus, ce sont les fins. Elles surviennent d’un coup, trop rapides, sans grande surprise, avec des explications trop simples… J’ai été un peu déçue.
PS : Ca a été une surprise pour moi d’apprendre que les situationnistes faisaient encore des vagues à Toulouse en 83. Je l’ignorais
Il sonne combien de fois le facteur ? 8 étoiles

D. Daeninckx a une écriture qui sait se faire oublier. Un peu comme un bon traducteur. Certainement D. Daeninckx traduit bien les sentiments et les états d’âme de ses contemporains. Le facteur fatal est traité sous forme de nouvelles successives, chacune correspondant à une étape de la vie de l’Inspecteur Cadin, et à une enquête.
L’Inspecteur Cadin n’est manifestement pas armé pour affronter les dures réalités du métier. Il est bon, ses enquêtes aboutissent mais chacune lui enlève une parcelle d’humanité et …
D’ailleurs dans l’avant dernière l’Inspecteur Cadin n’est plus dans la Police mais enquêteur privé, la déchéance a commencé. Et dans la dernière, la déchéance est là, il est devenu épave.
Les enquêtes ne sont pas bluffantes. Petite horreurs ordinaires du quotidien. C’est peut être pour cela qu’elles sonnent vraies ? Et chacune dans une ville française différente (l’Inspecteur Cadin voit du pays !). On sent un vrai bonheur de la part de D. Daeninckx à restituer les détails qui permettront de singulariser chaque lieu, de le rendre identifiable.
D. Daeninckx est un romancier qui n’en fait pas trop, plutôt dans le mode intimiste. Le genre de polars qui dans 50 ans permettra de bien saisir l’ambiance et l’atmosphère de notre époque.

Tistou - - 68 ans - 14 octobre 2005