Le vrai monde?
de Michel Tremblay

critiqué par Kod, le 12 juillet 2005
(Québec - 36 ans)


La note:  étoiles
Lorsque chacun crie au mensonge
« À ving-trois ans, Claude rêve de devenir écrivain. Sa permière pièce met en scène trois personnages qui portent justement les noms de son père, de sa mère et de sa soeur, auprès desquels il a puisé son inspiration. Ses personnages prennent vie et côtoient leurs modèles; une fascinante confrontation s'ensuit, où s'agitent le double fond des choses, la multiplicité des perceptions et des réalités.

Où est le vrai monde lorsque chacun crie au mensonge ? »

Une pièce de théâtre intéressante dans laquelle Michel Tremblay déplore le silence, un sujet qui est toujours d'actualité. Le joual est de nouveau omniprésent. De plus, le concept est original, puisque deux pièces de théâtre se déroulent en même temps : celle du vrai monde et celle de la pièce de théâtre écrite par le personnage principal. Bref, une autre bonne pièce de théâtre de Michel Tremblay.
Infantilisme paternel 10 étoiles

« Famille, je vous hais », a écrit André Gide. Dans son sillon, Michel Tremblay débusque les vérités tapies derrière les buissons du mensonge. Sa pièce ne joue pas dans les nuances populistes, pas plus qu'elle ne copie l'humour des Belles-Sœurs. Les « ricaneux », sortez vos kleenex, ils seront plus utiles.

Le Vrai Monde vient nous chercher en remuant le vieux terreau que l'honneur veut que nous protégions à l'encontre des vertus de la culture judéo-chrétienne. Notre dramaturge illustre comment l'hypocrisie s'incruste au sein de la cellule familiale. Il cible surtout l'infantilisme du père, qui paralyse l'épanouissement de ceux nés de « sa semence jetée à tout vent ». Figure de proue de sa famille, le père se défile de sa mission d'ouvrir les flots à l’instar de Moïse pour que les siens le suivent sans se noyer dans la tourmente. Il se comporte comme un célibataire en laissant à sa femme le soin d'éduquer ses rejetons. Le pôle paternel absent, c'est l'éternel quête de la filiation à laquelle est condamné le héros, le fils du couple.

Le contenu de la pièce se divise en deux tableaux. L'un présentant le quotidien familial et le second est le miroir du premier, soit une dramatique écrite par le fils qui s'est inspiré des siens. Cette œuvre introduit le sous-thème de la responsabilité de l'écrivain. A-t-il le droit de trahir les secrets bien gardés qui ont permis aux siens de ne pas couler à pic?

Bref, l'auteur a écrit un merveilleux drame qui montre bien que la famille n'est que mensonge comme l'illustrait aussi Miche-Marc Bouchard avec sa pièce Les Muses orphelines.

Libris québécis - Montréal - 82 ans - 16 juin 2013