L'amante anglaise
de Marguerite Duras

critiqué par Bluewitch, le 11 juillet 2005
(Charleroi - 45 ans)


La note:  étoiles
Du côté de la menthe anglaise...
Trois voix, pour parler d’un crime. Des morceaux de corps retrouvés dans des trains et le recoupement ferroviaire mène là : à Viorne.
Sous forme d’interrogatoire officieux, on apprend l’histoire de trois façons différentes. Robert Lamy, qui tient le café « Le Balto », extérieur et pourtant si perspicace ; Pierre Lannes, la cinquantaine, coureur de jupons et prélude à la voix de sa femme : Claire. Celle qui déroute, qui est folle mais pas vraiment. Celle qui a tué mais en est-on vraiment certain ?
Elle qui parle peu, qui hallucine, n’aime pas la viande en sauce mais en mange tant, adore la menthe anglaise et est incapable de l’écrire correctement, qui vit silencieuse dans un jardin et qui ne supporte pas cette « propreté qui prend la place du temps »…
Un récit morcelé qui mêle les comment, les pourquoi, sans vraiment leur accorder une espèce d’importance. Ecrit avec une imagerie littéraire si propre à Duras, qui sent, qui vit, qui semble fermé, en vase clos et, pourtant, ne l’est pas vraiment.
Atmosphère, récurrences, rythmées par la folie, le crime, le non-dit, le suggéré. J’ai aimé être là, dans ces lignes où d’abord on se croit étranger et dont on finit par pénétrer l’intimité, le sens caché, dont l’ambiance imprègne, délicatement, mais s’incruste dans notre intérieur comme un tatouage.

« - Qui étiez-vous dans le jardin ?
- Celle qui reste après ma mort. »

Duras, c’est une histoire d’amour, et toujours difficile de dire pourquoi. Sauf peut-être que lorsqu’on referme un de ses romans, pendant longtemps, il n’y a plus rien d’autre. Que Duras.