Humble et surtout honteuse, je l’avoue, La Détresse et l’Enchantement est ma première lecture de cette grande écrivaine. Pourtant, ce livre repose sur les rayons de ma bibliothèque depuis sa parution, en édition Boréal Compact, en 1996, presque vingt ans!
Il m’aura fallu une enième disette de lectures exaltantes pour que je cède à la recommandation passionnée d’un de ses innombrables admirateurs, ici, chez nous, et entame finalement la lecture de cette grande œuvre ultime.
Vibrant, lumineux et émouvant, le récit de sa vie porte l'empreinte de cette grande écrivaine à la personnalité forte, attachante, sensible, pleine de charme et de vitalité. L'auteure de Bonheur d'occasion, Prix Fémina 1947, et première Canadienne à recevoir ce prestigieux prix littéraire, Gabrielle Roy y retrace ce qu'on pourrait appeler ses années de formation: sa jeunesse dans la petite communauté francophone de Saint-Boniface au Manitoba, son métier d'institutrice, ses longs séjours en Europe, puis son établissement à Montréal.
Une dizaine d’années avant sa mort, à l’âge de soixante-quatorze ans, elle ressentit un besoin pressant de rédiger son autobiographie. La Détresse et l’Enchantement représente un voyage de retour aux origines, par le truchement de la mémoire. En se plongeant ainsi au plus profond d’elle-même pour ranimer ses souvenirs avant sa propre mort, l’auteure expérimente une sorte de «mort initiatique», et le fruit de cette remémoration, constitue une renaissance.
Tout au long de cette lecture j’ai ri, j’ai pleuré; j’ai plus que tout, comme tous ceux qui l’ont connue, succombé entièrement sous le charme de cette femme magnifique que j’aurais souhaitée comme amie, comme sœur…
Quelle lecture formidable et exaltante à souhait en ce début d’année, au cœur de notre froidure!
Et que dire de ma stupéfaction de n’être que la deuxième lectrice à souligner son appréciation sur cette œuvre majeure et ce, à huit ans d’intervalle!
FranBlan - Montréal, Québec - 83 ans - 10 février 2013 |