Le ciel de Windigo
de Luc Martin

critiqué par Laurie-Renée, le 30 juin 2005
( - 43 ans)


La note:  étoiles
Un vent de fraîcheur du Québec
Ma plus récente découverte: un roman touchant à souhait, aux personnages attachants et vrais. Le Québec comme si on y était. L'intrigue est là (presque un polar), mais l'amour aussi, tout cela intimement lié à l'histoire et à la géographie d'une région de rivières et de forêts. Un vrai coup de coeur !
La Découverte du père 6 étoiles


Le titre, Le Ciel de Windigo, souligne le mystère qui auréole la région de la Haute Mauricie. Windigo est un petit village construit en dehors des grands axes routiers. Pour s’y rendre, il faut plonger dans une nature sauvage, parsemée de rivières et de lacs. La beauté de cet environnement camoufle cependant l’emprise des mauvais esprits tels que Windigo.

Ça n’empêche pas les Américains et les Canadiens anglais de se réunir dans des chalets luxueux pour se livrer à la chasse ou à la pêche. Eux seuls ont accès à cette richesse car ils ont su obtenir des gouvernements l’usage exclusif des lacs et des forêts du Québec. Ce n’est que récemment que les clubs de chasse et pêche privés ont perdu leur privilège. Cette toile de fond sert de recherche à un jeune étudiant en histoire qui s’est vu confier par son professeur la mission de répertorier les documents pouvant établir le profil d’une région spoliée par les entreprises de pâte et papiers ainsi que par les membres des dits clubs.

Son étude le conduit à son insu à la mort de son père survenue par une journée de tempête alors qu’il quittait justement un club de pêche aux commandes de son hydravion, nolisé souvent pour le transport de ces spoliateurs de nos richesses naturelles. Dans la tête du jeune étudiant, une alerte a sonné. Quel lien unissait son père à ces potentats? Cette question l’accompagne tout au long de sa recherche. Le jeune Valois, orphelin depuis l’âge d’un an, espère établir le chaînon manquant entre lui et son père, comme Pascal Rose l’a fait dans Chasseur Zéro.

Ce qu’il apprendra ternira évidemment l’image idéalisée qu’il s’était faite de sa famille et de la société en général. Il devra prendre parti à l’égard des événements peu glorieux qui émaillent l’histoire des siens et celle des notables de sa région. Situation doublement embarrassante du fait qu’il éprouve des sentiments amoureux pour la fille de l’un de ces prédateurs aucunement gênés de recourir à la criminalité pour atteindre leurs objectifs. Dilemme qu’il parviendra à trancher grâce au bibliothécaire et aussi maire de Rapide-aux-Pères, le village voisin de Windigo. Ce roman rejoint l’esprit du classicisme. La Mauricie offre une unité de lieu, et les jeunes héros effacent le temps puisqu’ils sont reliés par leurs parents à une époque qu’il faut sauver du déshonneur. Le Cid revisité dans la forêt boréale.

Luc Martin s’est servi d’un fait historique, les clubs privés de chasse et pêche, pour raconter une histoire de filiation aux relents policiers. Il a construit son roman sur des assises solides. On ne peut en dire autant de l’écriture. Elle ressemble à celle d’un bon étudiant. Elle ne manifeste pas la marque personnelle de son auteur. Lourdeurs, tentatives d’humour ratées et dialogues parfois ennuyeux viennent gâter le plaisir du lecteur. L’œuvre perd aussi un peu de sa crédibilité à cause de son caractère naïf. L’auteur a manqué de virulence envers les exploiteurs et d’originalité dans les manifestations amoureuses. Mais comme Christiane Duchesne dans L’Homme des silences ou comme Sylvain Trudel dans La Terre du roi Christian, il signale avec pertinence l’importance du père pour ancrer ses repères.

Libris québécis - Montréal - 82 ans - 19 août 2005


Bonheur de lecture 9 étoiles

Moi qui ne suis jamais allée au Québec, j'ai tout aimé dans ce roman qu'une copine m'avait rapporté: la quête du personnage principal, l'histoire d'amour, les lieux si bien décrits que l'on voudrait y être. Ce roman m'a habitée pendant longtemps, c'est tout dire...

Emmie - - 48 ans - 10 juillet 2005