L'atelier anthropophage
de Valérie Tordjman

critiqué par Sahkti, le 26 juin 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Apprentissage artistique
Maître Eole part pour un monastère dans lequel il doit restaurer des fresques. En chemin, il fait la rencontre de Saturnin, un berger qui dessine des brebis sur le sol. Subjugué, Maître Eole prend le jeune garçon en apprentissage dans son atelier de Padoue. Dans ce 16e siècle bruyant, Saturnin découvre d’autres gamins assoiffés d’art et de savoir, naviguant entre statues, fioles, toiles et pierres anciennes. Un long périple initiatique commence. Progressivement, Saturnin se libère de l'emprise de son maître qui voit cela d'un mauvais oeil, d'autant plus que son jeune prodige l'attire, charnellement et mentalement.

Ce premier roman de Valérie Tordjman est étonnant et prometteur. L'auteur n'a pas son pareil pour décrire un atelier de peinture, le dur travail qui attend les élèves de Maître Eole, l'importance de la peinture dans l'Italie du XVIe siècle et la pression énorme qui pèse sur les épaules de tout qui rêve de devenir un "grand". L'écriture est belle et ample, les ambiances sont très fortes et c'est un superbe portrait humain que nous offre Valérie Tordjman, cette relation étrange et complexe entre deux hommes.
J'ai particulièrement apprécié sa manière de se placer dans la tête de Eole et de Saturnin, de voir le monde à travers deux regards différents et de plus en plus opposés.