La lectrice
de Raymond Jean

critiqué par Clarabel, le 16 juin 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Dommage, l'idée était séduisante...
Le roman débutait de manière charmante, un peu désuète, quand une jeune femme de trente-quatre ans, Marie-Constance, se propose de devenir "lectrice à domicile". En tout bien, tout honneur. Elle est mariée à un homme charmant, se dit heureuse en ménage, mais souhaite juste combler le vide de son existence. Travailler, donc. Et combiner sa passion de la lecture à d'autres. On dit d'elle qu'elle a une voix extraordinaire, claire, très prononcée et vibrante. Mais d'une noble intention, la jeune femme va glisser vers la perversion. Il semblerait qu'une annonce rédigée de la manière la plus courtoise et la plus humble possible attire les esprits les plus retors !

Marie-Constance a son petit succès, trois clients fidèles : un garçon de quatorze ans, paralysé, une vieille comtesse hongroise, aveugle, et un Pdg surbooké. Le plaisir des mots, le plaisir du son... n'est-ce que ça ? Des travers vont percer, placer la narratrice en délicates postures (porter une courte robe, dévoiler ses genoux, lire Marx, se retrouver dans un lit...) ! En fait, Marie-Constance perd très vite tout son charme aux yeux du lecteur. Pour ma part, je l'ai trouvée assez effrontée, nigaude et quasi sainte-nitouche. Sous prétexte de ne pas savoir dire non, elle se place en fâcheuses postures, mais après tout, c'est "sa modeste rétribution". Franchement grotesque ! Au début, j'étais séduite - les extraits de Maupassant, Zola ou Claude Simon tombaient à point nommé. Ensuite j'étais gavée - l'érotisme entrait en phase volcanique, mais plus proche du delirium tremens ! C'est du n'importe quoi, j'ai pensé. A croire que le monde est fatalement vicieux, pervers et dépravé et la Marie-Constance est une tête-à-claques dans cet échiquier luxurieux !

PS: Oui, en 1988, Michel Deville a adapté ce livre au cinéma avec Miou-Miou dans le rôle titre. Mais, pas vu ce film. Et pas envie non plus.
Etrange personnage 5 étoiles

Marie-Constance a 34 ans. Elle est heureuse en ménage, même si son mari, passionné par son métier, est souvent absent.
Elle regrette parfois d’avoir abandonné de prometteuses études au Conservatoire.
Son amie Françoise, un jour, la félicite sur sa voix, lui proposant de devenir lectrice à domicile. Cette boutade trotte dans la tête de Marie-Constance, qui va déposer une annonce dans le journal.
À l’agence, on la met en garde sur le texte " jeune femme propose lecture à domicile". Elle semble ne pas comprendre l’allusion.
Son ancien professeur Roland Sora à la faculté de lettres, lui prodigue les mêmes conseils ; mais elle s’obstine et commence à recevoir des propositions.
Ce sera d’abord Eric, un adolescent de 14 ans handicapé avec une lecture de Maupassant qui le bouleversera.
Puis l’incroyable Générale Dumesnil de 80 ans, souhaitant réentendre Marx. Séances qui la conduiront au poste de police.
La troisième lettre viendra du PDG d’une grande entreprise et la curieuse demande de parfaire sa culture. Il s’avérera que ce n’est pas la lecture mais la belle et désirable lectrice qui l’intéresse  ; Marie-Constance assumera son "métier" en tout circonstance.
Pour finir par le courrier d’un magistrat très âgé veuf et solitaire à qui elle lira des passages choisis très crus du marquis de Sade.
"Je crois choisir des textes, mais ce sont eux qui me choisissent. Tout les livres sont bons à partir du moment où ils passent par ma bouche. Et avec chacun d’eux, tout peut arriver. En quoi je crains d’avoir choisi le métier le plus imprudent du monde."

Curieux roman où une étrange jeune femme, (naïve ou perverse ?) cherche le meilleur livre pour chaque lecteur. Excellente et séduisante idée ; mais les séances dévient.
Avis mitigé à la fin de cette lecture, pas d’ennui mais pas convaincue.

Marvic - Normandie - 65 ans - 16 novembre 2023


lire n'est pas sans conséquence 6 étoiles

Une jeune femme excentrique s’improvise lectrice à domicile. Son activité lui fera rencontrer des clients pour le moins fantasques et l’entraînera bien plus loin qu’elle ne l’imaginait au départ. Elle s’apercevra à ses dépens et un peu tard que la lectrice est bien plus attirante que ses lectures. Un court roman que j’ai lu avec plaisir mais sans passion.

Kabuto - Craponne - 63 ans - 27 juin 2016


Ode à la lecture 9 étoiles

Découvrir des artistes ignorés (et très doués) c'est un sport auquel peu d'entre nous se livrent désormais, c'est vrai. Mais ce n'est pas ça qui va m'empêcher de lire des oeuvres d'écrivains pas très connus qui sont, de plus, plutôt boycottés par ces mémères de tout âge avec leurs compagnons de vadrouille puritains mormons.

Je n'invente rien: chacun sait qu'on observe un retour de certaines "valeurs" et une hausse de l'intégrisme qu'il soit de n'importe quel bord... Et alors que la classe moyenne agonise, l'on a jamais vu en notre époque autant de filles-mères et d'analphabêtisme qu'au XIXème siècle, paraît-il. C'est assez peu étonnant, parceque le sexe est la première chose qui est directement lié à notre culture ou à notre religion - que l'on le veuille ou non !

Raison pour laquelle il faut se cultiver afin de ne pas suivre le troupeau puis de mourir tellement bête; ce devrait être d'ailleurs la direction dramatique de tous les gouvernements, tout autant qu'un pompier doit user de n'importe quel eau si sa source principale est tarie.

J'en apporte au moulin avec ce bouquin de Raymond Jean, court texte infiniment meilleur que le film. Pudique, sexy, érotique, irréel, et aussi réaliste, il y a de tout dans La Lectrice et c'est surtout très captivant pour tout lecteur/trice... normalement constitué(e) !

Rien à voir enfin avec ces horreurs mainstream qu'on voit si souvent en devanture de supermarché - celles-là mêmes qui choquent le bon bourgeois et son palefrenier dans leur salon et qui les font ensemble se secouer d'effroi.

Antihuman - Paris - 41 ans - 14 mai 2014


Charmant quand même 5 étoiles

Ce livre, je l'ai trouvé assez charmant. Bien sûr, Marie-Constance est un peu nigaude, bêtement complaisante, mais bon... ce n'est qu'un petit livre après tout, pas de la grande littérature mais agréable à lire quand même, par curiosité.
Ce rôle de "didine" convenait d'ailleurs très bien à Miou-Miou...

Maria-rosa - Liège - 68 ans - 16 juin 2005