Quelle beauté! Quelle magnifique écriture! Je crois que, comme la première critique, Anne Hébert mérite d'être classée reine du panthéon quand il s'agit de littérature québécoise (à côté peut-être du dramaturge Michel Tremblay et de son cousin, le poète Saint-Denys Garneau).
Dans chanque mot, chaque page, chaque nouvelle de ce recueil respire une puissance évocatrice de couleurs, de mouvement et de songes fantasmagoriques. On ne peut s'empêcher de faire un lien avec le style des Poètes de la Solitude dont Anne Hébert faisait partie, surtout dans les thèmes qu'ils exposent tels le voyage, le rêve, l'inconscient, la solitude, l'amour et la mort. Cette profonde qualité surréaliste dans les nouvelles du «Torrent» évoque en effet l'étouffement que subissent les artistes, intellectuels ainsi que le reste de la population par le pouvoir autoritaire et conservateur de Maurice Duplessis et du clergé dans les années 30, 40 et 50 qui imposent la tradition, l'immobilisme et le dogme jusque dans la vie privée des gens et les livres. Alors même que les romans du terroir (qui vantent la campagne et la religion) s'essoufflent de plus en plus.
Parmi toutes les nouvelles qui m'ont, par ailleurs, toutes enveloppée dans leur magie sombre ou fantaisiste, celle qui m'a le plus marquée est «L'Ange de Dominique» qui raconte l'histoire d'une fille paraplégique qui rêve pourtant de danser et qui se lie d'amitié avec un être imaginaire sortant de le mer et dansant devant elle. Une légende surréaliste, envoûtante et triste ; un poème visionnaire (pour reprendre l'expression hugolienne) ; une magnifique peinture automatiste!
À lire absolument et encore, et encore!
Montréalaise - - 32 ans - 21 janvier 2012 |