La diffamation
de Christophe Dufossé

critiqué par Clarabel, le 29 mai 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Ambiance intimiste mais angoissante
Pas à pas, Christophe Dufossé guide son lecteur vers un genre littéraire proche du thriller psychologique, où le suspense est latent, intriguant et alentour, mais sans aucune effusion de sang ! Intéressant, donc. Son premier roman, "L'heure de la sortie", était déjà fort entouré d'une aura de doutes et de mystères distillés pernicieusement.

C'est qu'on lit très lentement un roman de Christophe Dufossé, pourtant on y est scotché ! Que se passe-t-il dans ce foyer ordinaire, niché au coeur de la Touraine ? Anna, bientôt quarante ans, professeur de sociologie, en congé sabbatique pour écrire un livre, s'encroûte dans son existence sous anesthésie. Elle est mariée depuis quinze ans à Vincent, ils ont un garçon de quatorze ans, Simon, adolescent un peu suspect et silencieux. La vie de ces trois-là va insidieusement basculer quand l'agence immobilière dans laquelle travaille Vincent change de direction. L'arrivée de Boulay fils fait l'effet d'une grenade à retardement. Sous la coupe de ce nouveau patron, Vincent va être manipulé, devenir irritable, taciturne, se murer dans un mutisme inquiétant. Ses appels au secours demeureront vains, Anna est spectatrice du drame de son foyer mais n'a pas les remèdes pour tout colmater.

"La diffamation" relate ainsi une spirale vers l'enfer, l'auteur analyse les silences, fait monter la pression en déviant les pistes, en scrutant la communauté d'Amboise où résident les personnages du roman. Le soin scrupuleux apporté à décortiquer les failles s'apparente à l'approche psychologique, qui est une clef maîtresse dans le style de Christophe Dufossé. Ce deuxième roman est franchement meilleur que le précédent, mieux cerné et élaboré. Son atmosphère d'angoisse domestique ouvre la porte à un genre nouveau, ce qui le rend particulièrement fascinant !