Nuits blanches d'amour
de Gustaw Herling

critiqué par Sahkti, le 27 mai 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
La culture théâtrale des deux derniers siècles
Le polonais Herling (décédé en 2000), admirablement commenté il y a quelques années par Jorge Semprun, nous avait déjà interpellés avec "Un monde à part"» dans lequel il décrivait les conditions de vie de détenus dans des camps de travail soviétiques.
Dans "Nuits blanches d’amour", nous nous trouvons face à un metteur en scène polonais, Lucas Kleban, dont l’œuvre consiste à révéler les aspects méconnus de Shakespeare, Tchekhov ou Dostoïevski, tout en prenant de grandes libertés à leur égard. Apprenant qu’il risque de perdre la vue, il se rend chez un célèvre chirurgien vénitien, Venise où il fait la connaissance d’un comédien de génie qui n’a jamais accepté que de jouer l’Arlequin de Goldoni.

Cet ouvrage offre au lecteur une leçon magistrale sur la culture théâtrale des deux derniers siècles, en toute légèreté. Une très belle histoire, simple et incroyable à la fois.
Il y a de surcroît une dimension très forte dans ces "Nuits blanches d'amour", l'aspect autobiographique. Herling a écrit cette histoire quelques mois avant sa mort, il se sentait vieillir et appréhendait le grand départ. Une angoisse qu'il fait vivre à son héros, qui va devenir aveugle et sait que ce tournant marquera la fin d'une vie, celle qu'il a vécue jusqu'alors. Cela rend le récit poignant et empreint d'une humanité toute particulière. L'écriture est travaillée mais dégage aussi ce petit plus de personnel qui la rend très touchante.