La Déliaison
de Sylvie Brunel, Ariane Fornia (Co-auteur)

critiqué par THYSBE, le 17 mai 2005
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Mère/fille : maladie d'amour
Ariane Fornia et sa mère Sylvie Brunel traitent à quatre mains le thème récurrent de l’éternel conflit des générations à l’heure de l’adolescence.
Je dois reconnaître que les premières pages m’ont un peu fait peur. J’avais l’impression que j’allais vivre sous ces chapitres le style d’une certaine série télévisée ou la maman super active, avec un métier très valorisant doit à la fois mener sa carrière tout en gardant un œil sur sa progéniture qui se compose de deux filles dont une n’a pas fini de grandir et l’autre en est aux finitions.
C’est à peu près ça comme décor. A part que Claire, n’est pas la super flic gardienne de notre sécurité mais prof de géo à Montpellier inspiratrice ou non des futurs voyages de ces élèves à défaut de résultat scolaire. Sa situation familiale ne diffère guère de cette fameuse Julie la rousse aux yeux verts, sauf l’éloignement du géniteur de ces demoiselles qui obligent Claire à tout gérer de A à Z.
Une fois passé les quelques clichés et chroniques de l’adolescente et de la mère/copine, on rentre petit à petit dans un dialogue intimiste et singulier.
Toutes deux, sont à un moment important de leur vie et doivent se construire ou se reconstruire, mais les enjeux ne sont pas les mêmes, ainsi que leur environnement qui apparaîtra complètement hermétique à chacune d’elles. On assistera peu à peu à cette déliaison entre la mère et la fille.
Ce qui fait l’originalité de se sujet séculaire, c’est le vrai lien de parenté qui uni A.F. et S.B.. Je les soupçonne d’ailleurs toutes deux d’avoir eu recours à ce stratège pour éviter cette fameuse déliaison.
Ariane qui écrit là sont deuxième livre, persiste dans sa verve impertinente et moderne. Elle manie savamment la langue, à la manière de Baudelaire comme une sorcellerie évocatoire .Elle joue sur les métaphores avec un effet mélodique et fantasmagorique. On retrouve le quotidien de l’adolescente à travers les copains, les flirts, la musique, le code vestimentaire, l’attirance vers l’alcool, la drogue, dont Ariane donnera une très belle interprétation. Tout un monde bien actuel.
Sylvie Brunel, elle, plus connue pour ces essais, est tout comme sa fille à son deuxième roman. Son style est plus technique qu’onirique. Outre ses problèmes de mère moderne dans le livre, elle profite en passant de dénoncer les quelques déviances de notre bonne société comme dans l’éducation nationale, la situation de femme divorcée, l’écologie et bien entendu le sujet qui lui est le plus cher : les aides humanitaires sous toute ces formes. Elle nous fait naviguer entre réalité et fiction dans son petit monde bien rempli. Attention ! Cette femme à des choses à dire…
Le grand point commun que l’on trouve entre la mère et la fille, c’est ce don de l’écriture et cette culture du langage. Leur production littéraire jusqu’à maintenant s’est attaché, en grande part, à la réalité de leur personne. A quand la déliaison pour entrer pleinement dans une œuvre fictive ?

Quoi qu’il en soit, je conseille ce livre à ces mères et ces filles qui sont sur cette terrible pente de mésentente. Et, pourquoi pas, le lire à quatre yeux pour leur permettre tout comme A.F. et S.B. d'atteindre cette belle harmonie mère/fille après cette écriture. Si, si, je les ai surprises toutes deux dans un beau fou rire complice…