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Poésie
de Stéphane Mallarmé
critiqué par MOPP, le 12 mai 2005
( - 88 ans)
La note:
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L'effet produit |
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1842-1898, poète français, chef de file du mouvement symboliste, nous signale-t-on. Oui, qu'importe ! Ce que voulait MALLARME, c'est "peindre, non la chose, mais l'effet qu'elle produit".
La beauté, Mallarmé la voit partout, mais d'abord dans l'Azur, dans la dentelle, dans la console...
Cette édition nous livre des extraits de la correspondance de mallarmé avec Verhaeren, avec Edmond Deman, son éditeur à Bruxelles, de quoi apporter un plus.
Certes la poésie de ce poète n'est pas facile, mais quelle volupté dans la magie des mots. C'est tellement vrai que certains auteurs de l'Oulipo ont travaillé à partir des poèmes de Mallarmé en procédant à des "haïkisations", ils ont obtenu des nouveaux poèmes valables.
Je me lance à partir de "Les fenêtres", page 41 de ce recueil (dans l'édition Librio) :
L'encens fétide
des rideaux
du mur vide,
un vieux dos.
Je ne pense pas que ce soit trahir l'auteur, le grand poète, c'est lui rendre hommage.
Mais voici un extrait intact de son oeuvre : (page 93)
"A la nue accablante tu
Basse de basalte et de laves
A même les échos esclaves
Par une trompe sans vertu
Quel sépulcral naufrage (tu
Le sais, écume, mais y baves)
Suprême une entre les épaves
Abolit le mât dévêtu
Ou cela que furibond faute
De quelque perdition haute
Tout l'abîme vain éployé
Dans le si blanc cheveu qui traîne
Avarement aura noyé
Le flanc enfant d'une sirène"
Voir une approche explicative de l'oeuvre de MALLARME dans : Hugo FRIEDRICH, Structure de la poésie moderne, L.P., pp 132-196.
[Note : cette critique fait référence à l'édition EJL / Librio (Paris)] |
Ça m'a moyennement parlé |
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Mon recueil (Éditions Bernard Flageul, collection Classiques Français, avec en couverture une très belle peinture, La tiare en argent de Fernand Khnopff) contient les grand poèmes Stéphane Mallarmé, ainsi que quelques textes : anecdotes, hommages et autres. Je connaissais surtout le poète en tant qu’un des traducteurs des poèmes d’Edgar Allan Poe et tout comme Charles Baudelaire (l’autre traducteur de Poe), ça a été une autre déception. Je me dis qu’il va falloir que je les relise plus tard, mais pour l’instant, ça ne clique pas.
Enfin, même si je préfère le vers livre, il y a quand même quelques poèmes que j’ai appréciés. Mon préféré étant L’après-midi d’un faune, qui a été mis brillamment en musique par Claude Debussy, sur laquelle le danseur Vaslav Nijinski créa une chorégraphie avant-gardiste. Pour ce qui est de l’Azur, c’est aussi un excellent poème et un mot délicieux, je ne le nie pas, mais (ouf !) était-il obligé d’utiliser ce mot tout le temps ? De l’or et de l’azur.... une de ses fixations ? Ou peut-être c’est moi qui ai fait une fixantite sur la récurrence de ces mots...
Pour la partie des articles, j’ai moins accroché. Je ne colle pas trop à sa personnalité. Comme dans le texte L’art pour tous, j’ai senti un certain élitisme et ça m’a refroidi.
Je vais cependant garder le recueil et faire d’autres tentatives, car il y a quand même du beau dans ce qu’il écrit, mais peut-être aussi que ce n’est juste pas mon genre.
Nance - - - ans - 15 novembre 2011 |
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La poésie de la rareté |
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Face au grand manège des impressions de L'Après-midi d'un Faune, Mallarmé sait également saisir le mot dans ce qu'il a d'essentiel: un son singulier qui ne peut être là par hasard. Convoquer le mot une seule fois pour lui donner sa force pure, ce n'est pas le figer, mais le rendre mallarméen à tout jamais.
Francanton - - 36 ans - 28 avril 2009 |
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Merveille. |
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Je ne puis dire grand chose, encore une fois, c'est une poésie qui se ressent. On est d'abord submergé par la beauté sonore de cette musique, par les accords formés, par les rapprochements suggestifs des mots. Puis le poème lu et relu vous hante des semaines, vous cherchez à percer de quelque explication rationnelle l'irrémédiable vase clos... jusqu'à bien souvent abandonner. Même des critiques comme Paul Bénichou (dont je recommande la très bonne étude poème par poème "Selon Mallarmé") admettent qu'il faut, après avoir tenté d'expliquer le poème, faire disparaître l'échafaudage théorique, et redonner sa plénitude à l'oeuvre - plénitude qui passe par une obscurité toujours présente.
Mallarmé, peut-être le plus musicien de nos poètes, le plus immortel aussi.
Je préfère ainsi lui laisser la parole :
"Mais, chez qui du rêve se dore
Tristement dort une mandore
Au creux néant musicien..."
Hlidskialf - Paris - 37 ans - 20 juin 2005 |
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Le bel aujourd'hui |
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La plus haute exigence à l'oeuvre, toujours, chez celui qui a le mieux sans doute exprimé l'angoisse blanche, la spirale du vide.
Haïkisation, propose Mopp à la suite de l'Oulipo? Pourquoi pas?
"Premier baiser
Sur le pavé vieilli
Parfum de tristesse"
Et, in extenso, ce vitrail gothique dont m'émerveille depuis toujours le dernier vers "Musicienne du silence" :
"Sainte
A la fenêtre recelant
Le santal vieux qui se dédore
De sa viole étincelant
Jadis avec flûte ou mandore,
Est la Sainte pâle,étalant
Le livre vieux qui se déplie
Du Magnificat ruisselant
Jadis selon vêpre et complie :
A ce vitrage d'ostensoir
Que frôle une harpe par l'Ange
Formée avec son vol du soir
Pour la délicate phalange
Du doigt que,sans le vieux santal
Ni le vieux livre,elle balance
Sur le plumage instrumental,
Musicienne du silence. "
Lucien - - 69 ans - 12 mai 2005 |
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