Le rêve de Damoclès
de Fatos Kongoli

critiqué par Sahkti, le 3 mai 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Un roman noir et lucide
Ce n’est qu’après l’arrivée au pouvoir d’un parti démocratique que l’écrivain albanais Fatos Kongoli put enfin publier librement son premier roman.
Auparavant, ses œuvres étaient cachées car elles abordaient le thème délicat d’une situation politique difficile en Albanie.
Kongoli ne braque pas son regard sur l’Histoire mais l’évoque au travers de personnages dont la vie se trouve profondément affectée par ce qui se passe autour d’eux. En lisant cet ouvrage, on ressent la même haine que celle qui traverse une partie du peuple albanais face aux inégalités flagrantes dont ils sont les victimes.
Dans "Le rêve de Damoclès", nous suivons l’histoire de Ergys, amoureux de Linda, dont le père était un juge à la solde du pouvoir qui fit beaucoup souffrir la famille de Ergys. Linda et Ergys tentent de vivre heureux mais les déchirures parentales laissent planer un voile sombre au-dessus de leur vie. Le père d’Ergys ne l’aime pas, celui-ci en souffre énormément. Il rêve. beaucoup. De Damoclès notamment, qui lui raconte son histoire, le poids de l’épée au-dessus de lui, sa ressemblance avec tous les humains qui possèdent tous l’épée de leurs péchés comme une menace permanente.
Ergys se sent alors coupable. mais de quoi ? D’avoir péché. Oui, mais péché comment ? Il devient fou. Et nous avec lui. Ergys se suicide après avoir allongé son histoire dans un cahier.
Un livre dur, fort, angoissant et empli de noirceur. Une écriture qui donne à réfléchir sur le désespoir qui envahit une population et sur lequel nous portons notre regard sécurisé de "démocrate" avec, souvent, une complète méconnaissance de la situation et de la force qui habite ces populations meurtries.