BD Jazz, tome 16 : Art Tatum (2CD audio)
de Frédérik Salsedo

critiqué par Fee carabine, le 2 mai 2005
( - 50 ans)


La note:  étoiles
A la découverte des géants du jazz
La collection BDjazz des éditions Nocturne est assez difficile à classer, entre la biographie, la BD et la musique. Chaque volume de cette collection propose pour un grand nom du jazz, une notice biographique, une bande-dessinée d'une vingtaine de pages et 2 CDs, et il y a déjà plus d'une vingtaine de titres disponibles, de Louis Armstrong à Billie Holiday, en passant par Django Reinhardt et Charlie Parker... On ne trouvera pas ici de biographie détaillée, ni de longues considérations sur l'histoire du jazz, mais plutôt un hommage placé sous le signe de l'émotion et de l'enthousiasme: une bande dessinée qui s'efforce de capturer un peu de l'essence de l'art d'un musicien, à travers une anecdote, quelques instantanés, une atmosphère, et 2 CDs qui offrent une très belle sélection d'enregistrements révélant les différentes facettes du "héros" de l'album.

C'est justement à la collection BDjazz que je dois le bonheur d'avoir découvert le pianiste américain Art Tatum, né à Toledo dans l'Ohio en 1909, mort à Los Angeles en 1956, et musicien de génie s'il en fut. Art Tatum est passé à la postérité comme un "monstre de technique", un musicien d'une imagination sans borne et d'une culture phénoménale - il maîtrisait également le répertoire "classique", ce dont témoignent notamment ses magnifiques arrangements de la musique de Dvorak dont le fabuleux "Goin'home" où il reprend un des thèmes de la symphonie "du Nouveau Monde". Et ce sont bien la virtuosité et l'inventivité quasi illimitées d'Art Tatum qui m'ont frappée à la première écoute des CDs, me laissant l'impression d'être submergée par un déluge de notes: surprenant, déroutant, déstabilisant. Mais au fil des écoutes successives, c'est l'émerveillement qui a supplanté la surprise, un émerveillement qui s'approfondit encore à chaque nouvelle écoute, car la virtuosité d'Art Tatum ne nuit jamais à la clarté de son discours ni à l'émotion qui transparaît dans sa musique... Quant à la bande dessinée, sous les crayons de Frédérik Salsedo, elle nous plonge dans l'atmosphère des clubs de jazz des années 40, dissimulés au fond d'un dédale de couloirs et de caves, et ce dans des couleurs chaudes et sombres à la fois, brun, gris, rouge, - plongée dans une atmosphère et clin d'oeil à la légende d'Art Tatum.

Un très bel album d'une collection on-ne-peut-plus recommandable!