Les serpents
de Marie Ndiaye

critiqué par Kinbote, le 30 avril 2005
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
La tragi-comédie familiale
Une femme, madame Diss, approche, le jour du feu d’artifice du 14 juillet, d’une maison perdue dans les maïs où habite son fils. Elle a besoin d’argent, cette femme. Dehors, elle rencontre France, l’actuelle femme de son fils, mais aussi Nancy, son ex-femme venue aussi en visite. Peu à peu on apprend que le fils est une espèce d’ogre, de tyran familial qui aurait tué son premier enfant en l’enfermant parmi les serpents. Il règne en despote sur la maisonnée, réglant entrées et sorties. Plus on avance dans l’action, plus les repères logiques vacillent. Nancy et France vont échanger leurs identités respectives pour vivre la vie de l’autre, pour fuir ou retrouver le fils. Mais que renferme vraiment la maison du fils ? Et quel est le sens de ce manège devant sa maison ? Cela est laissé à l’interprétation du lecteur ou du spectateur.

Dans les familles recomposées, on ne sait plus bien qui est qui, quels sont les enfants et les parents, en sorte que que tous les débordements incestueux semblent permis.
A la toute fin de la pièce, madame Diss qui a eu de multiples maris veut faire rencontrer à France le père de son fils, c’est-à-dire le père du mari de France, pour qu'elle ait des enfants de lui, pour redonner en quelque sorte naissance au fils, le sacrifier à un être autre possédant à peu près son profil génétique.
Et que France (la France ?) devienne ainsi la mère de son époux, ou sa soeur symbolique.
Tant qu’il y a du lien familial, semble dire Marie Ndiaye, il est possible d’échanger les places, les emplois, de recommencer la tragi-comédie familial ad libitum, jusqu’à la nausée ou bien l’accomplissement du fantasme de famille (ré)unie