Les Cent-Jours ou l'esprit de sacrifice
de Dominique de Villepin

critiqué par Jules, le 12 avril 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Une autre vision, un autre homme
Napoléon est probablement le personnage de l’Histoire de France sur lequel on a le plus écrit.
Ici, nous retrouvons un Napoléon différent. Il se veut un homme plus respectueux des autres, plus ouvert, plus à l’écoute, mais il est aussi plein de doutes et d'hésitations !
Le retour du Roi n'est pas très bien vécu en France, les citoyens de la révolution et de la République ont le sentiment de revenir à des années en arrière. Les anciens émigrés sont plein de morgue, bafouent la nouvelle noblesse de l'Empire et s'octroient les postes. Louis XVIII est mal conseillé et plutôt paresseux. Il n'a pas bien saisi toute l’évolution de son peuple.
Napoléon décide de quitter l'île d'Elbe et de tenter un retour. Le premier mars 1815, il touche à nouveau le sol de France, accompagné de seulement mille hommes ! Mais, bien vite, il va se rendre compte que les choses ne seront pas aussi simples. La Provence lui est hostile et il décide donc de modifier sa route et de passer par Grenoble. Les premières troupes qui sont envoyées contre lui par le Roi se rallient. Même Ney, qui avait promis sa tête à Louis XVIII tombe dans ses bras quand il est face à lui. La Provence évitée, le peuple le soutiendra et l'acclamera tout au long de la route.
Mais il sera fortement déçu en arrivant à Paris : la ville lui bat froid ! Reviennent alors les doutes. Nous ne sommes plus devant l'ancien Napoléon, celui des coups d’état et des grands paris. Il est toujours aussi persuadé de son destin, mais il a assimilé les leçons de ses erreurs. Il ne veut pas d'une reprise de pouvoir au prix d’une guerre civile ! Nous sommes devant un homme qui entend respecter les élus et les pouvoirs constitués.
Nous connaissons la suite… Paris et les élus finissent par se rallier et le pouvoir lui est rendu. Une nouvelle coalition se met en place contre lui et il lève de nouvelles troupes. C’est l’entrée en Belgique et les batailles de Charleroi, de Ligny et de Waterloo.
Battu, l’Empereur quitte l’armée et rentre rapidement à Paris. Ses troupes ont été décimées. La révolte gronde parmi les élus, alors que le peuple le soutien toujours avec force bruits. Tout est encore possible ! Il veut le vote d’une conscription rapide pour pouvoir défendre la France contre les alliés. À nouveau, le voilà des plus hésitants et agissant pratiquement chaque fois à contre temps.
Ses doutes le mèneront à sa perte et il finira par accepter d’abdiquer une fois de plus. Il sait que c'est sa chute à lui que veulent les alliés et que la seule issue est son départ.
Ce livre nous donne une autre dimension de cette incroyable aventure que celle dont nous avons l'habitude : une dimension politique. En cent jours, le destin de deux France différentes s'est joué.
D'un côté il y a une France populaire, un véritable élan qui dresse la nation derrière Napoléon, représentant la grandeur et la gloire. De l’autre, nous trouvons l'image d'une France plus conforme à celle que souhaite la pensée individualiste bourgeoise. Une France apaisée et assagie, amputée des grandes conquêtes et rentrant dans le rang des autres puissances. L'Empire apparaît aujourd'hui comme la dernière grande aventure de toute une nation.
Il en est fini du rêve alors que Napoléon abdique pour la seconde fois. On retrouvera Louis XVIII et le conservatisme.