Main-d'oeuvre, 1913-1949
de Pierre Reverdy

critiqué par MOPP, le 24 mars 2005
( - 87 ans)


La note:  étoiles
Je n'espère rien du néant
L'oeuvre de REVERDY est hantée par l'angoisse, mais c'est un poète essentiel qui a été influencé par RIMBAUD.

Dans "Cale sèche" (1913-1915), son vers est libre, mais la rime présente en alternance, comme dans le poème "Encore moi". Dans "Bande de souvenirs", on observe les premiers décalages et les blancs dans la mise en page.

Avec le recueil "Grande nature" (1925), la structure picturale du poème s'impose, ce qui fera dire que la poésie de REVERDY doit être d'abord lue.

Avec le recueil "La balle au bond" (1928), nous sommes mis en présence d'une poésie en prose, laquelle est une "élastique ondulation" (cf. Michel DEGUY). Le poème intitulé "Le temps passe" a d'abord eu une version en vers. Il en est de même pour "Le sommeil du coeur" qui constitue un bel exemple de poème en prose ouvert (tension, malaise, ouverture à l'invisible), alors que chez Max JACOB le poème en prose est fermé.

Dans le recueil "Sources du vent", la juxtaposition des images simples fait penser à un tableau cubiste dans "Poème". L'angoisse, la mort sont les thèmes principaux développés par REVERDY.

Je n'analyserai pas tous les recueils proposés dans ce gros ouvrage, mais je vous inviterai à le lire, il appartient aux trésors poétiques.

Chose étonnante, dans un de ses derniers recueils, "Bois vert" (1946-1949), REVERDY fait à nouveau usage des rimes et il termine son poème "Cran d'arrêt" par ce vers :

"Je n'espère rien du néant."