La théorie du chien perché
de Marie-Sabine Roger

critiqué par Sahkti, le 3 mars 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Aborder la différence
Deux nouvelles composent ce volume d'une centaine de pages consacré à la différence. Une différence qui passe pour de la démence aux yeux de certains. A travers deux parcours différents, au fil des lignes de "Je suis plein d'autres aussi" et "La théorie du chien perché", Marie-Sabine Roger donne avec beaucoup de sensibilité (mais pas de sensiblerie) la parole à des êtres coupés du monde, qu'on qualifie de simples d'esprit. Des gens auquels on prête certes attention (souvent parce qu'il faut bien) mais dont on ne prend pas véritablement en considération les visions du monde qui les entoure. Vous êtes fous, vous n'avez pas voix au chapitre... Propos trop souvent entendu que l'auteur tente ici de briser en racontant l'univers vu par d'autres yeux.

J'ai été touchée par la simplicité des mots que Marie-sabine Roger emploie et la richesse de l'émotion qu'elle parvient à en dégager, ça noue le ventre et ça invite à la réflexion, celle de regarder autrement qu'avec nos yeux égoïstes.
Une réflexion menée parallèlement à une lecture en duo, avec mon petit bout, avec sa vision des autres et des gens dits bêtement "pas normaux". La différence était frappante. Vous me direz qu'il est bien connu que le regard d'un enfant est différent de celui d'un adulte... Oui... mais de temps à autre, ça fait du bien de mettre cette différence en pratique et de la tester, d'ouvrir d'autres voies de discussion et de retrouver un certain émerveillement d'enfant. Sans doute un moyen efficace de lutter contre l'aigreur qui rend parfois les gens si stupides face à ce qu'ils ne comprennent pas.