Zen et Occident
de Jacques Brosse

critiqué par Sibylline, le 14 février 2005
(Normandie - 73 ans)


La note:  étoiles
« Le centre de l’univers est votre propre nombril »
Cet ouvrage traite des relations et de la place que peut prendre dans notre monde cette drôle de chose que l’on appelle le Zen. Il faut dire que, pour une étrange chose, c’en est une, au point que je n’utilise pas le mot «chose» par négligence, mais parce que nous autres, Occidentaux, n’avons pas de mot pour le désigner. J. Brosse reprend à ce propos une phrase de Alan Watts : « Le bouddhisme zen est une conception et un mode de vie qui n’appartiennent à aucune des catégories formelles de la pensée occidentale moderne. Ce n’est ni une religion, ni une philosophie, ni une psychologie, ni une science. C’est un exemple de ce que l’on appelle aux Indes et en Chine, un moyen de libération. »
Pour autant, et même si nous ne savons comment l’appeler, chose étrange, le zen existe chez nous et même, il «fonctionne» sur nous. Les rationalistes que nous ne pouvons nous empêcher d’être, tentent de le comprendre (ce qui n’est pas nécessaire) et lisent, comme moi, des ouvrages sur le sujet. Celui-ci en est un, et pas des plus mauvais.
Il a été rédigé par Jacques Brosse qui est un historien des religions et des mythologies, moine bouddhiste zen soto et disciple de Taisen Deshimaru. Non seulement dans ce livre, mais dans toute son existence, il place aussi exactement qu’il le peut, ce mode de pensée dans notre société. Il est une référence quand il est question de zen en France.
Cet ouvrage est organisé en trois parties, de la plus accessible à la plus complexe. Dans la première partie, J. Brosse explique ce qu’est le zen et répond aux questions les plus évidentes qui peuvent se poser aux occidentaux. Dans la seconde partie, il étudie plus précisément l’historique de ce mouvement de pensée (qui n’est pas qu’un mouvement de pensée, Ah la la, quand on n’a pas les mots…). Dans la partie finale, il rapproche le zen des pensées occidentales (religions, philosophies, psychanalyses, actualité…).
C’est avec cette troisième partie que j’ai eu le plus de difficultés. Bien que j’admette tout de suite que cela puisse tenir davantage à mes insuffisances qu’à l’ouvrage, elle ne me satisfait pas. Je ne la trouve pas « convaincante ». C’est un bien vilain mot qui essaie de dire qu’à ce stade de l’ouvrage, il m’aurait fallu avoir en face de moi un interlocuteur réel auquel j’aurais pu demander de me préciser telle ou telle notion. Mais il m’a tout de même semblé qu’à certains moments, la conviction précédait l’argument, et, par voie de conséquence, le biaisait un peu. Mais j’ai peut-être tort. En bref, j’ai parfaitement adhéré à la première partie, un peu moins à la seconde, moins encore à la troisième. Peut-être l’exact reflet de mon niveau…
Quoi qu’il en soit, comme le dit Dôgen Zenji : «Vous devez en conséquence abandonner une pratique fondée sur la compréhension intellectuelle, courant après les mots et vous en tenant à la lettre. Vous devez apprendre le demi-tour qui dirige votre lumière vers l’intérieur pour illuminer votre véritable nature.»
En conclusion, cet ouvrage, très qualifié et intéressant, ne me semble pas correspondre aux attentes de ceux qui en sont à une première approche du sujet. A ceux là, je conseillerais plutôt de lire d’abord, par exemple, « Moine zen en occident » de Roland Rech dont vous trouverez également la fiche sur ce site. Celui-ci sera mieux venu ensuite.