Tourmente
de Aline Apostolska

critiqué par Libris québécis, le 2 février 2005
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Une artiste peintre en quête d'identité
Il n’existe pas de collection Que sais-je pour répondre au qui suis-je des nombreux personnages de romans. Ce n’est pas nécessairement du narcissisme que de vouloir connaître la réponse. Le bonheur ne se rattache-t-il pas à cette question? Être soi-même son propre exil crée une situation peu confortable, qui l’est d’autant plus quand on vit loin de sa patrie. Ces deux prémisses ne conduisent qu’à des crises existentielles. Peut-on survivre longtemps ainsi? C’est la question que posent invariablement les écrivains vivant à l’étranger. C’est le cas du personnage de Tourmente d’Aline Apostolska, écrivain d’origine yougoslave, comme celui du Pavillon des miroirs du Brésilien Sergio Kokis.

Son héroïne Iara est une artiste-peintre, qui habite en France avec son mari et ses deux fils. Invitée à Montréal dans le cadre d’une exposition de ses tableaux, elle va vivre une expérience troublante annoncée par des signes avant-coureurs. Malgré ses 36 ans, elle est blasée et doute de l’orientation qu’elle a donnée à sa vie. Elle se remet totalement en question. En fait, elle ne se sent pas elle-même en tant que mère, épouse et artiste. Elle est en attente du moment propice pour ouvrir les vannes en amont de sa vie. Et c’est au cap Tourmente, près de Québec, que son passé émergera à travers un violoniste, le premier amour de sa vie avec qui elle veut régler pour toujours le lourd secret qui la ronge depuis vingt ans.

Ce roman assez profond est une méditation sur l’enfance, l’identité, l’amour et la mort. En somme, les principaux thèmes autour desquels tourne toute vie humaine. L’héroïne perturbée par une crise existentielle aiguë puisera en elle toute la force nécessaire pour combattre les démons qui la retiennent au pilori de son passé. Malgré le romantisme harlequineste et les accents folkloriques qui caractérisent ce roman, on peut considérer que l’auteur a écrit une œuvre qui décrit bien l’angoisse de l’exil au féminin. Et l’écriture parfaite donne une touche finale qui lui assure une crédibilité malgré ses faiblesses.