Remise de peine
de Patrick Modiano

critiqué par Palorel, le 30 janvier 2005
( - 43 ans)


La note:  étoiles
j'ai dix ans
Patoche vit avec son frère dans un village des environs de Paris. Dans la maison où ils se trouvent, il n’y a que des femmes, des amies de leur mère. Leur père vient parfois leur rendre visite. De leur mère, une actrice, ils reçoivent, de temps en temps, une carte postale du pays dans lequel elle est en train de jouer. Malgré l’absence de leurs parents (thème cher à Patrick Modiano), ils vivent une enfance plutôt heureuse (une des femmes, la plus âgée, surnomme Patoche « Imbécile heureux »). Mais peu à peu, malgré la naïveté apparente des enfants ou peut-être justement grâce à elle, on devine que les personnages qui les entourent, quelque attachants qu’ils soient, mènent une vie peu recommandable….
L’enfance de Patoche ressemble énormément à celle de Patrick Modiano. Il n’y a qu’à lire « Un pedigree » pour s’en convaincre. Mais « Remise de peine » n’est en aucun cas une autobiographie. C’est une fiction et il sans doute inutile de chercher à tout prix à établir des liens entre l’œuvre et la vie de l’auteur. Le plaisir de la lecture est là, que l’on connaisse ou non la vie et l’oeuvre de Modiano.
Une plongée dans ses souvenirs 6 étoiles

Ce roman de Modiano, mon premier Modiano, retrace les souvenirs d'enfance d'un homme qui s'appelle Patrick. Cet homme se remémore quelques années qu'il a passé à la campagne, dans une maison où habitaient plusieurs femmes, son frère cadet et lui-même. Plusieurs personnages sont de passage dans cette maison et l'ambiance que Modiano arrive à installer est assez déstabilisante. Nous comprenons que ces adultes ne sont pas très clairs, qu'ils mijotent quelque chose. Puis petit à petit nous comprenons que nous sommes en pleine guerre mondiale donc force est d'imaginer que ce sont des résistants de l'ombre...Toujours avec ses mots et ses souvenirs d'enfants, cet homme va peu à peu reconstituer le puzzle de ces quelques années d'enfance et comprendre le poids de l'Histoire et le rôle de ces adultes qui l'impressionnaient tant...

Modiano, d'une plume magnifique, nous plonge dans un court mais magnifique roman de jeunesse, de souvenirs, presque d'apprentissage sur fond de guerre mais rien n'est jamais déclaré ou établi, il faut comprendre les faits au travers du regard d'un enfant.

J'ai plutôt apprécié ce roman même s'il a été pour moi avec étrange dans sa conception et son ambiance. Je ne suis pas complètement entré dans ce "rêve" Modiano mais un second puis un troisième de ses romans m'en feront connaître un peu plus sur l'homme et sur l'auteur.

Clubber14 - Paris - 43 ans - 14 janvier 2015


Heurts et douceur d'une vie décousue 8 étoiles

Ce jeune enfant et son frère ne voient donc que rarement leurs parents, et sont élevés par des femmes. Ils arrivent à voir leurs parents, qui apparaissent dans leur vie de manière épisodique. Au milieu de cette vie familiale décousue, se laisse certes pressentir une forme de frustration latente, mais également de la tendresse envers ces femmes qui les entourent. Un attachement est également créé envers les lieux, ce qui est un thème récurrent chez Modiano.
Une nouvelle fois, cet auteur nous entraine dans un petit monde évoluant dans une atmosphère tenant d'une nostalgie aigre-douce. Le moindre détail a son importance, et s'avère porteur d'une affection éventuelle. C'est ainsi que j'ai ressenti cette lecture, à recommander, d'autant plus qu'il s'agit d'un roman court.

Veneziano - Paris - 46 ans - 24 novembre 2013