M'entends-tu, Geromino ?
de Edmée de Xhavée

critiqué par Débézed, le 2 novembre 2025
(Besançon - 78 ans)


La note:  étoiles
Une morceau de vie américaine
Après avoir écrit des morceaux de vie, fait revivre des personnages qui ont construit son existence et son arbre généalogique, Edmée, dans ce nouvel opus, raconte comment elle a vécu son rêve américain. Après l’échéance d’une mission sans suite, elle a décidé de vivre ce rêve américain qu’elle avait élaboré en regardant les westerns qui l’ont fait rêver non pas pour les hommes au grand chapeau mais plutôt pour ceux qui portaient des plumes et des tenues bariolées

Un premier voyage en Oklahoma lui permet de découvrir des Indiens empreints de piété et de pudibonderie marqués par le piétisme importé par les pionniers. Elle ne poursuit pas cette première expérience mais en entreprend une nouvelle en partant vivre chez d’autres Indiens au Nouveau-Mexique. Après quelques années d’errance entre des familles indiennes et des petits boulots pour survivre, elle part pour l’autre bout de l’Amérique dans le New-Jersey où elle épouse un concitoyen belge rencontré sur place.

Dans cette autre Amérique, elle découvre une nouvelle société à portée de grosse voiture de New-York, une société où la pruderie est élevée au rang de loi comme la soumission à un contrôle perpétuel et l’abstinence. Une société totalement soumise à des églises toutes plus prudes les unes que les autres. Elle puise parmi ses voisins, ses clients, ses fournisseurs et commerçants et ailleurs encore, pour dresser une galerie de portraits de personnages souvent haut en couleurs, plus ou moins originaux, parfois généreux et chaleureux, souvent austères, envahissants, âpres au gain, la main tendue pour quémander… Le Dieu dollar est roi partout.

Elle ne s’intéresse pas qu’aux habitants, elle aime beaucoup les paysage bucoliques dans lesquels elle vit et toute la flore qui y croît ainsi que la faune qui s’y ébat. Elle aime beaucoup les animaux, elle en a plein sa maison : chiens, chats et autres qui vivent dans ou autour de son home.

Ce livre c’est aussi l’occasion de montrer l’Amérique autrement que les médias nous la proposent régulièrement à grands coups de clichés souvent éculés. Edmée parle de la culture, de la plus rudimentaire dans de nombreuses populations à la plus sophistiquées chez certains intellectuels sans oublier celle des populations marginales comme les Indiens ou autres émigrés. Elle décrit aussi le poids très contraignant de la religion très puritaine, le rôle prépondérant de l’argent, des traditions comme Thanksgiving, la consommation exagérée et encouragée et le rôle de l’immédiateté qui entrave souvent la réflexion la plus élémentaire. Le pays qu’elle fait revivre, c’est celui où elle a vécu entre Woodstock et Lambertville, entre les bois et New-York, entre Princeton et les villes les plus kitchs. C’est l’Amérique qu’elle a aimée, qu’elle a détestée au point de la quitter définitivement pour rejoindre sa Belgique originelle.

« Il existe une grande poésie dans ce qui fait l’Amérique véritable et profonde… Même si dans des paysages urbains on peut se sentir isolé, et bien loin de tout cela ».