Undertaker - Tome 8 - Le Monde selon Oz
de Xavier Dorison (Scénario), Ralph Meyer (Dessin)

critiqué par Septularisen, le 21 septembre 2025
( - - ans)


La note:  étoiles
«Si tu veux jouer au con, tu trouveras toujours pire que toi…» (*)
Le début de l’histoire reprend exactement là où l’épisode précédent s’était arrêté. (1) Nous sommes donc toujours à Eaden, une petite ville du Texas (USA), sortie ruinée et ses habitants humiliés par la guerre de Sécession. Sister Oz, gourou de la ligue pour la suppression du vice, - et ancien porte drapeau dans les rangs sudistes -, a convaincu la population qu'elle retrouverait son honneur en faisant sa propre justice et en respectant à la lettre les écrits de la Bible... Son combat contre Jonas Crow, continue donc toujours pour empêcher Eleanor Winthorp (violée par son beau-père…) d'avorter.

Pour cela, tous les moyens sont bons : humiliations, intimidations, assassinats, fanatisme… Elle n’hésite donc pas à retenir en otage, et menace de tuer Randolph Prairie, le mari de Rose, mais surtout le médecin qui s'apprêtait à pratiquer l'opération.

Un seul homme se dresse pour tenter de sauver celui qui est pourtant son rival amoureux et permettre ainsi à Eleanor de choisir librement son destin : Jonas Crow, plus connu sous le nom de «l'Undertaker».

Mais pour l’heure, la situation est plus que désespérée, puisque Eleanor, Rose, et Jonas sont complètements encerclés par les suppôts de Oz, dans la petite maison de la famille Prairie…

Le scénario du français Xavier DORISON (*1972) puise ici dans l’actualité récente. On y retrouve donc – entre autres -, la polémique qui secoue actuellement les USA (et quelques autres pays...), sur le droit à l’avortement, l’extrémisme religieux, le fanatisme, etc etc… C'est solide, même si assez classique. C'est très linéaire, bien raconté, mais cela tourne très vite en rond, et cela devient très répétitif puisque, le lecteur connaît déjà toute l'histoire depuis l’épisode précédent (1). On a un peu l’impression que M. DORISON ne sait plus comment continuer et surtout comment finir l’histoire. Il y a bien un retournement de situation final, mais malheureusement je dois dire que je l’avais vu venir de très, mais alors très loin… Donc même cela, ça tombe un peu à l’eau!..

Les personnages sont eux toujours les mêmes et toujours aussi «fidèles» à eux-mêmes! Les «gentils» sont très gentils, et les «méchants» sont très très méchants, cela n’a rien d’original, mais ça marche toujours très bien. Comme à chaque volume c’est le personnage de Jonas Crow (toujours aussi cynique et désabusé) qui est mis en évidence, avec notamment ses phrases lapidaires qui, je dois le dire, «font le sel» de cette série…

Le dessin de M. Ralph MEYER (*1971) m’a, - pour la première fois depuis le début de la série -, déçu! Soyons franc, les des dessins sont toujours aussi beaux, toujours aussi bien réussis. Mais les visages des personnages, et notamment celui de Jonas, - qui représentait pourtant un des points fort de la série -, sont cette fois-ci, complètement ratés!
Il y a aussi des erreurs dans les dessins, pourquoi p. ex. si Sister Oz reçoit un coup au front (p. 14), elle va avoir la marque du coup jusqu’à la dernière scène où on la voit (p. 60), alors que Rose, qui reçoit un coup avec un objet contondant à son épaule droite, qui déchire sa robe et la fait saigner (p.49), ne présente plus aucun signe de blessure, ni même de déchirure de sa robe (alors que c’est pourtant bien la même…) quelques pages plus loin ? (p. 56).

Le découpage est lui par contre toujours aussi original. Comme dans les volumes précédent on retrouve de toutes petites cases qui s’insèrent dans la page, et qui donnent un effet qui «casse» le rythme des dessins et de l’histoire, mais toujours pour apporter au lecteur ce petit «détail» en plus, qui va lui servir à mieux comprendre, à mieux imaginer l’histoire.
Enfin, je m’en voudrais de terminer cette recension, sans dire un petit mot des très belles couleurs de la belge Caroline DELABIE et de Ralph MEYER, qui pour le coup sont, elles, toujours aussi belles! Comme pour tous les volumes précédents, toujours dans les tons ocre-jaune, rouge et brun pour la journée, lumineux et forts, et des noirs et des bleus très sombres et très profonds pour la nuit.
Les couleurs sont vraiment un plus dans cette BD, elles sont véritablement mises au «service» de l'histoire. Les décors, le ressenti des émotions des personnages par le lecteur, la lisibilité de la planche, et bien sûr l’histoire, sont vraiment «servis» par les couleurs exceptionnelles!

Est-ce que je conseille la lecture de cette BD? Oui! Même, si je dois avouer que pour la première fois j’ai été véritablement déçu par un épisode d’«Undertaker»! C’est comme si cet épisode avait été un peu «bâclé», comme «mal fini », que ce soit dans le scénario ou dans le dessin... Sans doute qu’il fallait absolument publier un épisode d’«Undertaker» endéans cette année, pour pouvoir «célébrer» dignement les dix ans de la série… Et sans doute que cela était une très, mais alors très mauvaise idée!..
Donc, si vous découvrez cette série (il y en a encore qui ne connaissent pas?..), surtout ne lisez pas celui-ci en premier, au risque de passer à côté d’une des meilleurs séries BD actuelles…

(*) : Évangile selon Jonas Crow.
(1). : Cf. : ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/67579