Liège autrefois les hauteurs de la rive gauche
de Robert Ruwet

critiqué par Catinus, le 28 août 2025
(Liège - 74 ans)


La note:  étoiles
Quand Liège prend de la hauteur
Le présent ouvrage commence par la visite des hauteurs plutôt côté nord-est : les Bayard, Bernalmont, Thier à Liège. Un long chapitre est consacré au quartier Sainte-Walburge dont Naniot, Xhovémont, Naimette, Molinvaux, sans oublier la Citadelle. Mais c’est le Grand Quartier Sainte-Marguerite qui se taille la plus grande partie de ce parcours par monts et par vaux. Le Publémont et ses rues adjacentes, le patrimoine religieux (collégiales, églises, abbaye, institutions religieuses), le Cadran, Hocheporte, Volière, Pierreuse, le Pèri, etc. Les rues sont minutieusement répertoriées avec, à chaque fois, une courte présentation, qui d’un personnage illustre, qui d’un lieu qui a marqué notre histoire commune.
Quasi à chaque page, vous découvrirez une pique ici, un trait d’humour fait maison là, si particulier à l’auteur.
En un mot comme en cent, voici LE livre que tout bon citoyen, habitant nos Hauteurs – qu’il y demeure aujourd’hui ou qu’il les ait connues au vingtième siècle - doit posséder dans sa bibliothèque.

Extraits :

- Il est à remarquer que beaucoup de charbonnages, beaucoup de puits portaient des noms fleurant bon : Bonne-Espérance, Bonne-Fin, Violette, Belle-Fleur, etc., histoire de maintenir le moral des troupes. Cependant chacun savait que « Les mineurs sont les plus misérables du genre humain » (Barthélemy Fisen, historien et écrivain ecclésiastique, né à Liège en 1591.

- Le château de Bernalmont a toujours donné l’impression d’être au bout du monde, là où le bon Dieu avait rallongé la terre avec des planches ! ( Wice qui l’monde èst ralondji avou dès plantches).

- Au carrefour de la rue Henri Nottet et de la Lavaniste-Voie, il y avait autrefois une prairie dénommée « la prairie des chevaux aveugles ». C’est là que le charbonnage de la Petite Bacnure mettait « au vert » ses chevaux de fond devenus ou (rendus) aveugles. Dans le bassin houiller liégeois, les chevaux de fond étaient utilisés en surface au transport de charbons. Ce n’est qu’au début du 19ème siècle que la traction chevaline fut utilisée au fond des mines. Le sort de ces braves bêtes était souvent atroce, elles étaient très souvent condamnées à rester sous terre jusqu’à la fin de leur vie.

- La guerre des Awans et des Waroux fut spectaculaire, typiquement féodale mais également sanguinaire. On estime que ce conflit entraîna la mort de plus de 30.000 personnes entre 1290 et 1335. (…) La scène ultime se déroula au centre de Liège. Un homme d’Awans, le chevalier Aynechon de Hognoul et un homme de Waroux, l’écuyer Falot, se livrèrent un duel à mort. Le « Warousien » attendit longtemps son adversaire s’essoufflant sous son armure chauffée à blanc par un soleil ardent. Pendant ce temps, l’ «Awantais » se détendait bien au frais dans la maison du chanoine Arnould d’Awan. Quand il arriva, il n’eut guère de peine à trucider le Warusien déshydraté. Cela se nommait le jugement de Dieu.

- Wazon fut Prince-Evêque de Liège de 1042 à 1048. Peu de temps, direz-vous. Certes mais cela fut suffisant pour que le peuple de Liège fasse de lui un de ses souverains préférés. Il avait écrit : « L’Evêque n’a pas reçu de glaive à son sacre. Il n’est pas oint pour donner la mort mais la vie. Contentons-nous d’excommunier les hérétiques et de mettre les fidèles en garde contre leurs erreurs ». (…) Sur sa tombe on inscrivit : « Ante ruet mundus surget Wazo secundus » autrement dit le monde finira avant que paraisse un second Wazon. Effectivement : on attend.

- ( A propos du Cadran) On peut se demander si l’on n’a pas voulu faire de cet endroit une sorte de terrain d’expérience : on démolit, on construit, on re-démolit etc. Histoire de voir ce que cela donne.

- Sous l’Ancien Régime, les morts restaient chez eux. Entendez par là que chaque église paroissiale avait son cimetière et que les défunts passaient leur éternité à l’ombre de leur clocher. Souvent d’ailleurs, ces cimetières n’étaient nullement clôturés et bêtes et gens y circulaient à loisir, ce qui posait divers problèmes d’ordre hygiénique, voire épidémiologique. Mais l’on eut beau entasser les cadavres les uns sur les autres, la situation devint intolérable et les autorités commencèrent à entrevoir la nécessité de créer de vastes cimetières hors ville.

- (A propos du Palais des Princes-Evêques) Ce Palais, c’est Liège ! C’est la grandeur de Liège. Nous pouvons d’ailleurs nous estimer heureux qu’il soit encore debout. Effectivement, lors de la révolution de 1789, le peuple voulut mettre à bas ce que symbolisait, à ses yeux, sept siècles d’assujettissement à un pouvoir autoritaire. Le peuple avait donc le choix : il pouvait attaquer à la pioche, soit le symbole côté « prince et épée », c’est-à-dire le Palais ; soit celui côté « évêque et crosse », c’est-à-dire la cathédrale Saint-Lambert. On le sait c’est la cathédrale qui subit la démolition, le Palais nous est resté.