Photo sur demande
de Simon Chevrier

critiqué par Marvic, le 24 novembre 2025
(Normandie - 67 ans)


La note:  étoiles
Un roman, trois récits
Il est beau, il a les yeux verts et vit dans une belle maison en colocation avec une jeune couple. Étudiant en phase d’abandon, il passe des heures sur des sites de rencontres homosexuelles et devient prostitué pour gagner sa vie.
Il raconte ses relations détaillées, amoureuses ou tarifées, souvent plus sexuelles que sensuelles.
"Je me dis que les passes me permettent au moins de me sentir vivant."

Mais il y a aussi la maladie et la mort programmée de son père ; les souvenirs partagés de son enfance, l’acceptation de son homosexualité et la terreur de son père protecteur face au VIH.
"Si le deuil était une couleur, ça serait le blanc…. un blanc béant qui me traverse chaque fois que j’y pense...J’ignore si ce blanc restera agressif toute ma vie, mais espère de tout cœur que son éclat puisse un jour s’adoucir."

Et une photo. Le jeune homme de la photo (sur la couverture) le fascine. Il veut savoir qui il  est.
"Que je le retrouve ou non, l’important c’est la démarche elle-même, avec toute la connexion qui se crée en songeant à nos disparus, à l’affiliation que je ressens quand j’observe les photos de Daniel, et aux scénarios que je m’invente au-delà de leurs contours."

Trois histoires, trois thématiques bien différentes qui se croisent, parfois s’entremêlent dans le récit.

Les dizaines de pages qui relatent ses relations sexuelles sont vite lassantes et sans intérêt.
Et il est fort probable que je n’aurais pas poursuivi cette lecture sans l’attribution du Goncourt du premier roman ( et le fait qu’il ait moins de 200 pages.). L’écriture est dure ; l’impression que les mots sont assénés, jetés sur les pages ; les phrases minimalistes.
(Le début du récit m’a rappelé Hervé Guibert qu’il cite d’ailleurs un peu plus loin.)

La recherche de Daniel Schook est plus intéressante, cette attirance, ce coup de foudre à partir d’une simple photo.

J’ai personnellement été très touchée par les pages avec ou sur son père, écrites avec beaucoup de sensibilité et de justesse.
J’ai rarement été aussi indécise quant au choix d’une note tant j’ai trouvé ce roman aux trois récits déroutant.