Mon vrai nom est Elisabeth
de Adèle Yon

critiqué par Pascale Ew., le 11 novembre 2025
( - 58 ans)


La note:  étoiles
Dénouer les fils du passé
Jean-Louis, le grand-oncle de l’auteure et inventeur du Minitel devenu millionnaire, s’est méthodiquement suicidé en se défenestrant, ne laissant rien derrière lui. A partir de là, Adèle Yon mène une enquête sur son arrière-grand-mère Elisabeth, dont personne ne parle dans la famille. Elle a bien du mal à faire parler les membres encore vivants de sa famille. Elle entrevoit une relation de couple difficile avec André, qui l’a finalement placée à l’asile. Betsy a subi des traitements barbares utilisés à l’époque, comme des comas hypoglycémiques, une lobotomie, etc.
Le certificat d’internement spécifie comme raisons « troubles mentaux avec attitude mal adaptée, autoritarisme morbide, troubles du comportement et incapacité à une vie sociale normale », « schizophrénie », « intolérance aux contraintes », « irritabilité »…
Adèle Yon redoutait d’être folle et d’avoir hérité de ce lourd passé comme d’un gène pathologique fatal, tant sa famille a véhiculé cette idée que la maladie mentale était due à un dérèglement physique comme un cancer qu’on pourrait retirer par ablation. Adèle découvre que cette parade permet à la famille de se dédouaner de toute responsabilité, de toute remise en question.
50 000 lobotomies auraient été pratiquées aux EU et 100 000 dans le monde, 10 000 en France entre 1945 et 1960, dont des enfants de 4 à 20 ans ! Tout cela sans aucune preuve scientifique d’efficacité !
L’enquête de l’auteure est prenante et bien écrite. Sa colère, même si heureusement elle ne transparaît pas trop dans l’écriture, est contagieuse. Elle permet de rendre quelque peu justice à son aïeule et de délier les peurs qui se sont transmises à la descendance féminine.