La Route : Les vagabonds du rail
de Jack London

critiqué par CCRIDER, le 27 décembre 2004
(OTHIS - 76 ans)


La note:  étoiles
La vie du rail
Entre 1893 et 1894 , Jack London , après avoir commencé sa vie vagabonde et marginale comme "Pilleur d'huitres" et matelot de petit cabotage , partage celle des hobos , tramps et bums qu'on peut traduire par vagabonds , ouvriers itinérants et clochards , nombreux à cette époque de crise économique . Il tient à appartenir à la première catégorie , c'est à dire à voyager gratis en "brûlant le dur" autrement dit en resquillant de toutes les façons possibles dans les trains de marchandises sans jamais travailler . Il doit mendier sa nourriture ce qui est tout un art ...
Le livre est une suite d'anecdotes regroupées par chapitres traitant d'un thème ce qui permet au lecteur de se faire une idée sur la vie réelle de ces miséreux en proie à la faim , au froid , au désespoir , en butte aux vigiles qui n'hésitent pas à les tabasser ou à les jeter du train en marche , aux flics ("les taureaux") qui les emmènent en prison ou même au bagne .
London se veut didactique , il cherche par tous les moyens à pourfendre le mythe du clochard céleste , du vagabond poète . Il n'y réussira pas puisqu'il fera bien des émules à commencer par l'autre Jack , le grand Kérouak , suivi par le mouvement beatnick et hippy avec la mythologie de l'errance et du stop qui en mènera certains jusqu'à Katmandou et plus ...
Aucune chronologie dans ces textes , mais une suite de petits reportages qui pourraient se lire indépendamment les uns des autres . On ne peut que se prendre à rêver à ces tortillards à vapeur , soufflant et crachant leurs fumées blanches ou noires , peinant tellement dans les côtes qu'un simple coureur à pied pouvait les attraper au vol . Et en route l'aventure ! On ne se voit pas faire cela avec une machine moderne ou un TGV , bien sûr ...
Des textes vivants , très bien écrits , agréables à lire , d'une grande valeur sociologique .
Un seul reproche : une introduction un peu trop longue et copieuse qui paraphrase tellement les textes originaux qu'on a l'impression de les avoir déjà lu quand on les aborde . Sautez-la ou lisez-la après .
Brûler du dur 10 étoiles

A l'instar d'Albert Londres, Jack London vit ses livres.
Auto-biographie de l'auteur, cet excellent "roman" raconte son début de vie dans la misère, sa vie de hobos, vagabond du rail.
Ses déplacements périlleux sur et sous les trains de marchandises, ses astuces pour gruger les contrôleurs, ses astuces pour essayer de manger un peu ......
18 ans et une envie de voyager, de "brûler du dur", dans un pays ravagé par la crise.
J'avais lu ce livre il y a fort longtemps, et ce fut un plaisir de le relire, et il m'a redonné envie d'en lire d'autres.
Du pur journalisme d'investigation.
Du pur bonheur.

Free_s4 - Dans le Sud-Ouest - 49 ans - 24 août 2011


Like a hobo 8 étoiles

Avant Steinbeck, avant Kerouac, avant Chaplin, avant Bukowski, avant les beatniks, et même avant Charlie Winston, il y a eu Jack London avec « La Route ».
A 18 ans, en 1894, celui qui sera surnommé « le prince du mitard » sillonne les États Unis accompagné de vagabonds (des hobos), vivant de la mendicité voir du vol, souffrant de la faim, pourchassé par les policiers, enfermé dans un pénitencier où il deviendra un des caïds. Très intéressant, l’épisode de la grande épopée du général Kelly qui marcha sur Washington avec 2 000 chômeurs et vagabonds et dont Jack London fit partie. Là où tout le monde penserait légitimement avoir loupé sa vie, Jack London transcende cette expérience dans un ouvrage remarquable qui a fait sa légende.
Une vraie leçon de liberté.

Chene - Tours - 54 ans - 19 avril 2010


Brûler le dur 8 étoiles

En 1893, Jack London a 17 ans, ancien pilleur d'huîtres devenu agent de patrouille, il se retrouve désœuvré en cette période de crise économique. Il décide de se joindre, tant par nécessité que par curiosité, à la cohorte de hobos qui hante les trains jours et nuits.

Ainsi le voilà lancé dans une course effrénée qui, de train en train, l'entraîne à travers tous les Etats Unis. Chaque jour il doit lutter contre la faim, le froid et surtout contre les gardes freins avec lesquels il faut ruser sans cesse pour empêcher d'être jeté au fossé. Certains sont des brutes épaisses prêtes à tuer s'il le faut. Là s'engage un jeu de cache-cache très dangereux, durant le lequel le vagabond doit être capable de se faufiler entre les boggies, monter sur les toits des wagons et parfois descendre avant l'arrêt du train pour y remonter dès qu'il repart.

C'est aussi pour lui l'occasion de rencontres et d'expériences qui nourriront son œuvre plus tard. Comme ce passage où il raconte son emprisonnement pour vagabondage, alors qu'il se trouve du coté de Niagara. Grâce à un compagnon expérimenté, il a la chance de faire partir des prévôts, sorte de police interne chargé d'assurer le maintien de l'ordre. Ce qui lui permet d'améliorer son régime alimentaire et de prendre une place importante dans le réseau de troc organisé par les détenus. Et même s'il conserve une certaine retenue lorsqu'il décrit la vie en prison, on en devine toute l'horreur, faite de privations, d'humiliations et de tabassage infligé par les prévôts aux détenus récalcitrants.

L'auteur a un don de conteur indéniable, qui captive tout de suite le lecteur, l'entraînant à sa suite dans l'extraordinaire aventure que fût sa vie. Il dépeint une société impitoyable envers les plus faibles, où seul les plus forts et les plus malins sont aptes à survivre. Très tôt il appris à ne jamais laisser passer une opportunité pour demeurer du coté des survivants, quitte parfois à s'incliner lorsqu'il comprend qu'il ne peut pas opposer de résistance.

Heyrike - Eure - 56 ans - 21 octobre 2007