Suzanne la pleureuse
de Alona Kimhi

critiqué par Fee carabine, le 25 décembre 2004
( - 49 ans)


La note:  étoiles
Suzanne qui pleure, Suzanne qui rit
"Tout le monde a tellement l'habitude de m'appeler Suzanne Rabin qu'on ne me demande plus si je suis de la famille de. Et comme ma vie est ainsi faite que les têtes nouvelles n'y sont pas monnaie courante, la nécessité de cette mise au point ne se présente presque jamais. Heureusement. (...) Enfin, en guise de conclusion, disons que malgré sa renommée nationale, mon nom est surtout une source inépuisable de malaise et de malentendus."

Avec une auto-dérision assez féroce, Suzanne Rabin - la malheureuse Suzanne, Suzanne la pleureuse - nous confie de long en large son malaise identitaire. Affligée d'un nom encombrant, et toujours traumatisée par la mort brutale de son père - victime d'un attentat - lorsqu'elle était adolescente, Suzanne est la proie de crises de peur-panique qui l'empêchent certains jours de sortir seule dans la rue, ou la poussent à s'enfermer dans sa chambre lorsque sa mère reçoit par extraordinaire un visiteur inconnu, sa chambre dont elle ne sortira même pas pour aller à la toilette, au grand dam de sa plante verte. Au fil des pages, pourtant, Suzanne redécouvre sa valeur en tant qu'être humain, en tant que femme et en tant qu'artiste, en se confrontant à son cousin Naor venu rendre visite à sa famille en Israël après plusieurs années passées à l'étranger, une confrontation parfois humiliante et douloureuse mais qui permet à Suzanne de rebondir.

"Suzanne la pleureuse" est un festin de lucidité et d'humour, né de la plume d'une jeune romancière israëlienne. A lire!