En marge
de Didier Daeninckx

critiqué par Sibylline, le 25 décembre 2004
(Normandie - 74 ans)


La note:  étoiles
« Un regard qui vous fixe depuis la couverture de ce livre »
Le titre de ma critique est la dernière phrase de cet ouvrage pris entre la photo et cette ligne.
Le regard qui nous fixe, c’est celui des ouvriers ou des exclus, de ceux, en un mot dont la société a volé la vie. Ceux qui n’ont rien pu faire d’autre que de consacrer tout leur temps et leur énergie à la simple survie matérielle.
Ce recueil de nouvelles s’organise - en gros parce qu’il me semble qu’il y a des exceptions - autour du thème de ceux qui sont en dehors de la norme. Cela peut-être parce qu’ils sont pauvres, parce que ce sont des sdf ou des voyous, ou encore parce qu’ils sont originaux.
Les nouvelles sont parfois très brèves et parfois assez longues (Il y a même un mini roman policier).
Certaines ont une chute qui oriente rétrospectivement tout le récit, comme c’est souvent le cas dans ce genre, mais sans arriver à un bouleversement total ; alors que d’autres se taisent comme le filet d’eau vient mourir.
L’auteur y dévoile une bonne connaissance du milieu du show-biz des années 70 et du milieu ouvrier, plus encore.
Il manifeste toujours un souci de placer ses récits dans une perspective sociale, revendicative. Il revendique pour ceux qui se taisent, il donne la parole à ceux qui revendiquent.
Les récits se situent à Paris ou dans sa banlieue, ces lieux étant vus par des yeux prolétariens.
Le style est agréable et aisé.
Pour ma part, j’ai aimé et lu sans peine ce recueil, mais je n’ai pas été totalement enthousiasmée. Il m’a semblé que cette vision du monde était assez datée, alors même que j’ai à peu près l’âge de l’auteur. Ou alors, c’est simplement que cela ne correspond pas aux thèmes pour lesquels j’éprouve un réel intérêt en ce moment et ce ne sera peut-être pas votre cas.
Un bon recueil de nouvelles, quoi qu’il en soit.
Hors de tout consensus, un ouvrage politiquement incorrect 9 étoiles

13 nouvelles, plus réalistes les unes que les autres.
Dans la littérature, se pose toujours la question de la forme et du fond.
Ici,, il s'agit de fond, bien que la forme y soit, mais elle n'est pas l'essentiel.

Des gens de tous les jours, qui vient leur tragédie personnelle, une tragédie minuscule et qui n'intéresse personne, mais Daeninckx aime ces gens-là, que ce soit "Yvonne, la Madone de la Plaine" … parfois la nouvelle prend un tour vaguement policier, mais ce n'est qu'un prétexte pour parler des "gens sans importance" ( La traverse n° 28)

Daeninckx suit bien les prescriptions de la nouvelle, tout est dégraissé, on va à l'essentiel, mais le choix des mots est judicieux, chacun est le mot exact et ça donne des textes secs, abrupts, qui frappent d'autan.

Un livre qui ne concerne pas les amateurs de beau langage, de fioritures, de la phrase pour la phrase.

Cinglant et chaudement recommandé

Attentif - - 92 ans - 16 novembre 2006