Bruxelles-Midi Paris-Nord
de Benoît Coppée

critiqué par Kinbote, le 18 décembre 2004
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
CGV - Conversation à Grande Vitesse
Une rencontre se produit dans la salle des pas perdus de la gare. Elle est narrée sur un mode éminemment poétique par le narrateur. Qui entreprend de séduire son interlocutrice par la langage, en tentant la complicité extrême, en tentant de la retenir car à tout moment elle peut invoquer un train à prendre. Il s’attaque donc à un problème verbal, qui repose pour partie sur le langage et la présence, tout le non-dit dont s’alimente une conversation.

L’unité de lieu et de temps m’ont fait penser à un texte théâtral même si le discours n’est jamais direct.
« Et tu me demandes : « Qu’est-ce que l’art ? » Alors je te dis que je n’ai pas de définition précise, que je n’ai jamais cherché à le définir. Et je te confie un sentiment, une sensation : « L’art, c’est la vie. » Et j’ajoute : « l’art est une instant d’illumination». Et je me demande si cet instant n’est pas engendré par la Peur. Tu me demandes s’il s’agit de la peur de mourir. Je te réponds que peut-être. Et j’ajoute : Si ce n’est la peur de la mort, c’est certainement la peur de mourir avant d’avoir tout dit ». Et tu réponds : C’est donc la peur de mourir ». Alors je remarque que sans la mort, aucune énergie n’est possible. Et je décide que toute œuvre d’art est un pied de nez à la mort. »

On ne peut pas croire au réalisme de la scène, surtout à cause de la teneur des propos échangés en ce lieu, même si ce petit livre ne prétend pas nous tromper sur ce point. On est un peu désarçonné à la lecture ; comme l’interlocutrice, on est tantôt séduit, tantôt tenté de partir, de quitter cet importun qui a le toupet de capter notre attention, de lui rabattre le caquet en lançant, comme l’héroïne à la fin : « C’est l’heure de mon Thalys... » Même si au fond on aurait aimé rester, vouloir rester. En regrettant que le narrateur ne soit somme toute pas parvenu à nous convaincre.