Rhapsodie afghane
de Marie-Bernadette Mars

critiqué par Monocle, le 22 avril 2024
(tournai - 64 ans)


La note:  étoiles
Excellent
RHAPSODIE AFGHANE de Marie-Bernadette Mars "Academia / Littératures Louvain la Neuve 2023" 240,- pages

Une femme mère de trois grands enfants qui ont quitté la maison familiale nous relate sa vie.
Elle travaille pour apprendre le français à des groupe de réfugiés. Là elle s'éprend d'un jeune afghan qui lui renvoie des signes codés de sa culture.
Ne vous attendez pas un LOVE STORY mais à un texte profond, écrit avec classe. La narratrice reste discrète sur elle. Seule importe son approche de la compréhension de ce pays d'où l'autre vient, de ses coutumes et de ses cicatrices. Les formidables références aux textes et aux musiques de là bas et notamment de celui, qui pour moi est le maître inégalé de la finesse orientale, à savoir Khaled Hosseini sont les perles d'un collier.
Par moment il faut suivre le texte dans des dérives qui font que ce roman n'est pas une oeuvre facile. Mais l'effort mérite la pénétration de la profondeur.

"Peut-être, depuis longtemps, sait-elle qu’elle se leurre, qu’elle se ment à elle-même. Elle perçoit qu’ils n’ont pas vécu la même histoire. Il était mon centre, pense-t-elle, j’étais sa périphérie. Il était tout pour moi, j’étais pour lui une passante."

"Combien de mineurs italiens ont attendu l’âge de leur pension avec l’utopie de retrouver le pays de leur enfance, sont repartis quelque temps pour finalement revenir ici auprès de leurs familles qui, elles, ne vont là-bas qu’en vacances, dans une maison qu’elles ont rénovée, dont les vieux murs et les souvenirs sont enfouis sous une couleur froide et des matériaux anonymes ! Tous ces gens portent en eux, indéfiniment, l’empreinte indélébile de l’errance, et les dernières images qu’ils verront quand ils s’endormiront pour toujours seront sans doute celles d’un paradis perdu à tout jamais."

Excellent !