Le Siècle d'Auguste
de Pierre Grimal

critiqué par Alceste, le 13 février 2024
(Liège - 63 ans)


La note:  étoiles
Précieuse porte d'entrée vers l'Histoire de Rome
A l’instar du Siècle de Périclès ou du Siècle de Louis XIV, le Siècle d’Auguste doit son nom à une personnalité qui l’a dominé non pas seulement politiquement mais par l’imprégnation d’une vision qui s’est imposée à leur époque.

Les irremplaçables et inégalés numéros de la série de « Que sais-je ? » consacrent un de leur titre à ce sujet et à ce personnage, à destination des universitaires d’abord mais de tout curieux en fin de compte qui veut avoir les lignes de force d’une étude à approfondir. C’est un peu ce que fait Wikipédia de nos jours mais Wikipédia a-t-il jamais bénéficié de la plume de Pierre Grimal ?

C’est sous cette plume que nous sommes guidés, tout d’abord, à travers la biographie de ce Caius Octavius Thurinus, dit Octave, fils adoptif de Jules César et gratifié du titre d’ « Augustus » sur proposition du Sénat, point culminant d’une ascension qui permet à Rome d’oublier ses guerres civiles.

Dans son souci de s’enraciner dans les antiques institutions républicaines, Auguste se garde « prendre le pouvoir » mais modifie subtilement lesdites institutions pour s’en assurer le contrôle complet.

On est étonné du poids que prend la religion dans le fonctionnement du pouvoir romain, réputé si rationnel et terre-à-terre : on se cherche des ascendances parmi les dieux, on divinise les prédécesseurs, on consulte systématiquement les augures, on interprète sur les songes, on élève des temples à qui mieux mieux.

A ce propos, Auguste se montrera bâtisseur exceptionnel, non seulement par l’élévation de temples, mais par l’agrandissement du Forum. Rome se couvre de basiliques, portiques, théâtres, et voit l’édification du monument emblématique du règne d’Auguste : l’Autel de la Paix, tant l’œuvre d’Auguste fut avant tout œuvre de pacification, qu’elle soit interne ou menée aux frontières de l’Empire.

La littérature n’est pas en reste, et sans parler d’écrivains propagandistes, on soulignera plutôt la communauté d’esprit entre Auguste et Virgile, auteur de la grande épopée romaine, l’Énéide, ou Mécène, protecteur d’Horace. Seul Ovide avec ses Métamorphoses poursuivra un chemin divergent.

On apprend également qu’Auguste a su favoriser et s’associer une classe moyenne issue de l’ancienne catégorie des Chevaliers, désormais toute dévouée à sa cause.

Le propos est dense et la matière consistante, mais il ne s’agit jamais de compilation indigeste. La cohérence de l’ouvrage permet de bien comprendre qu’Auguste n’a jamais agi autrement qu’avec « la ferme conviction que Rome a reçu une mission providentielle et que, peu à peu, toutes les nations qui composent son Empire ne forment qu’une seule Cité. »