Bulles bleues souvenirs heureux
de Maurice Maeterlinck

critiqué par Jules, le 8 décembre 2004
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Les souvenirs
Dans ce livre, l’auteur nous raconte des faits de son enfance et son adolescence.

C’est dans son introduction qu’il nous donne son avis sur l’intérêt que peuvent avoir ces souvenirs. Selon lui, il convient de tout faire pour ne garder que les bons souvenirs, car c’est en procédant ainsi que l’on a le plus de chance de se construire une bonne vie.

Bien sûr, dit-il, la mémoire est sélective et il nous est donc possible de la discipliner en faisant un effort en ce sens. Ces souvenirs, nous dit-il, ne sont que le reflet de ce qu’est l’enfant, de ce qui forme son entourage, puisqu’il n’a pas encore de vie propre. Ils ne lui viennent qu’au travers d’autres personnes, sa famille, ses amis, les gens qu’il est amené à rencontrer et qui ont une certaine importance pour lui.

Et puis, il y a tout ce que nous avons oublié. Il nous semble que cela a moins d’importance que ce dont nous nous souvenons, mais rien ne nous dit que cela est vrai ! Des faits oubliés peuvent avoir donné une orientation à notre vie. Maeterlinck écrit : « Les souvenirs sont les traces incertaines et fugaces que nous laissent nos jours. »

Il constate que les seuls souvenirs qui nous restent, ceux qui ne passent pas, sont ceux de notre enfance ou de notre adolescence. Bien sûr ils sont modifiés avec le temps, ils prennent d’autres colorations, mais ils sont là !

Ce livre n’a donc, aux yeux de son auteur, qu’un intérêt documentaire pour qui attache une certaine importance à la psychologie enfantine. Mais pour lui, il devrait avoir autant d’intérêt qu’un roman qui mettrait la vie d’un enfant en évidence.

L’écriture est très belle et les histoires que raconte ce livre sont très agréables à lire.
Un enchantement 10 étoiles

Délicieux morceaux d’enfance et de jeunesse servis avec une maîtrise de chef coq par un écrivain qui a pourtant plus de quatre-vingts ans. Le vieux Maeterlinck, au sommet de son art, porte un regard attendri mais sans indulgence sur ses jeunes années.
Des jolies bêtises d’enfants, les héros du quotidien, oncles, voisins, et surtout la belle figure du père, les différentes atmosphères de Gand-la-flamande, où ce dernier prix Nobel belge francophone de littérature a été formé, les années d’études puis les débuts littéraires, autant de vignettes finement dessinées mais non dépourvues de profondeur morale.
M’ont intéressé particulièrement les pages consacrées à l’enseignement jésuite dont Maeterlinck a bénéficié, même si « bénéficié » n’est pas le mot qui ressort de la lecture, tant les Jésuites sont éreintés pour leur étroitesse d’esprit et la crasse qu’ils engendrent. Amusante aussi l'évocation de ce Père un peu naïf qui dans l'atmosphère de terreur du péché propre au Collège, fait ingénument réciter à ses élèves le vers de Virgile : " Formosum pastor Corydon ardebat Alexim delicias domini - Le berger Corydon brûlait d'amour pour le bel Alexis, délices de son maître" . C’est tout de même un autre Père qui lui révélera son talent littéraire.
Ces bulles bleues montre combien la littérature crée une intimité par-delà les années avec un auteur que du coup, le lecteur a envie de fréquenter davantage à travers d’autres œuvres.

Alceste - Liège - 62 ans - 19 octobre 2017