Blanche
de Arnaud Rykner

critiqué par Kinbote, le 6 décembre 2004
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Trop durassien!
La narratrice a emprunté son nom dans un livre ; c’est dire si ce qu’on va lire sera d’ordre littéraire. Elle s’appelle Catherine Crachat et rêve de se vomir ; elle réussira à la fin du livre à sortir quelque chose de soi, à s’oublier tout en se perpétrant, bref à concevoir un enfant.
Elle meurt de ne pas être folle et part, pour la Bretagne, où la blancheur d’un homme noyé, échoué nu sur la plage, l’obsédera. Elle fréquentera un homme vivant et sera fascinée par une femme aux seins libres sous le vêtement. Mais il ne s’agit pas d’un récit où les faits se succèdent, sont bien dessinés, mais un récit très intériorisé, où les objets d’élection relèvent autant du réel que du fantasme, relaté dans une écriture très musicale qui semble se générer et qu’on a envie de déclamer. L’auteur est aussi metteur en scène de théâtre, il a travaillé avec Claude Régy. Il a aussi, apprend-on, collaboré à l’édition des œuvres complètes de Nathalie Sarraute dans la Pléiade.
Mais c’est sûr, ce livre doit beaucoup (trop) à Marguerite Duras ; la référence explicite à « La maladie de la mort », certaines tournures : « Quelqu’un dit Catherine. Catherine Crachat.»... « Elle a dit qu’elle n’arrêtait pas d’en pleurer, qu’elle ne pouvait plus tenir, et que peut être elle allait mourir »... La folle qui hurle... Beaucoup d'éléments qui affectent l’originalité de ce livre et font douter de la faculté de son auteur de s’exprimer dans une forme inédite et singulière. Du moins, cette fois.