Les crises d'Orient
de Henry Laurens

critiqué par Colen8, le 14 décembre 2023
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Avant c’était pire
Durant ce siècle et demi troubles, révoltes et violences s’entremêlent sur les trois continents de l’ancien monde. A partir de 1768 ciblant l’Empire ottoman menacé de faillite se met en place un grand jeu entre puissances : Grande Bretagne, France, Russie, Autriche-Hongrie, plus tard Allemagne et Italie. Les premières s’imposent aux riverains du sud de la Méditerranée, du Bosphore à Gibraltar par conquêtes et colonisations. Pendant ce temps le soutien de la Russie joint à la neutralité de l’Autriche-Hongrie encouragent les Slaves orthodoxes des Balkans à se libérer dans des conflits sans fin laissant naître la Grèce, puis la Serbie et la Bulgarie.
Bloquée en Europe centrale et orientale après la guerre de Crimée, privée de l’accès tant recherché à la Mer Noire, la Russie pousse ses pions au-delà du Caucase à travers l’Asie musulmane. Là-bas en Afghanistan et en Perse, elle va heurter les intérêts des Britanniques déjà positionnés préventivement sur l’Egypte et les territoires arabes afin de préserver à tout prix la route de l’Inde. Formalisés lors du congrès de Berlin sous couvert de mission civilisatrice, tous les prétextes sont bons pour protéger le commerce, défendre les Chrétiens d’orient, affaiblir l’Empire ottoman en aidant les Arabes à s’en affranchir, endiguer les pirateries barbaresques.
Les menaces d’un conflit généralisé ont été accentuées des années durant jusqu’à l’embrasement de 1914 auquel auront contribué les alliances préalablement formalisées. Parmi ses conséquences dramatiques les traités ultérieurs décideront le démantèlement de l’Empire ottoman et celui de l’Autriche-Hongrie tous deux alliés de l’Allemagne vaincue.