Ingrid Betancourt est sénatrice colombienne. Menacée de mort. Ouvrière acharnée de la lutte contre la corruption qui ronge son pays.
Une de ses priorités : éliminer le trafic de drogue en Colombie. Pour la survie du pays. Et elle dénonce le Plan Colombie mis au point par les "amis " américains. Ce plan veut notamment éradiquer par la force les plants de coca en déversant des tonnes de défoliant. Il est vrai que les américains se soucient finalement très peu de l'écologie. Alors pour eux, la forêt amazonienne, quelle importance... Et 200.000 familles paysannes qui se retrouveraient sans revenus, un détail. Juste de quoi grossir les bidonvilles ou les pousser à rejoindre la guérilla. Provoquer un nouveau mal en tentant d'en soigner un autre. Il ne faut pas perdre de vue que beaucoup de terres pauvres, conquises sur la forêt, ne permettent aucune culture si ce n'est celle de la coca. Alors Ingrid lutte pour qu'on instaure enfin une réforme agraire qui fournirait aux paysans des terres fertiles. Mais ses idées ne passent pas, les richesses foncières appartenant encore aux anciennes familles ou aux narcotrafiquants. Ce conflit a déjà fait 130.000 morts et les négociations de paix entamées depuis trente ans n'aboutissent pas vraiment.
Eradiquer la corruption. Le leitmotiv d'Ingrid. Qui s'est fait des ennemis au seins des narcotrafiquants, de l'Etat mais aussi de la guérilla. Dont les plus grands mouvements comme le Farc vivent essentiellement des profits tirés du commerce de la drogue. Au diable les préceptes idéologiques.
Ingrid a décidé de se présenter aux Présidentielles 2002. Malgré les menaces. Malgré les attaques. Malgré l'éloignement de ses enfants par sécurité. Ses jours sont comptés, elle le sait. Mais elle reste digne et a eu envie d'en parler. Avant qu'il ne soit trop tard. Elle s'est livrée dans un ouvrage intitulé " La Rage au cœur ". En sachant qu'il constituait son arrêt de mort.
Un livre poignant qui permet de mieux comprendre son combat, les obstacles qu'elle doit affronter, l'opposition qui guette. Son "départ" arrange finalement beaucoup de monde. Et il y a maintenant plus de deux ans que ça dure.
Sahkti - Genève - 51 ans - 12 mai 2004 |