Not Vital
de Christian Rümelin, Alma Zevi

critiqué par JPGP, le 9 décembre 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Not Vital artiste majeur
Ce livre témoigne de l'envergure de l'artiste suisse.
Not Vital rêvait de devenir cultivateur de rizières, avocat ou assassin. Mais à 19 ans il se décida pour la sculpture et demeure un plasticien « alchimiste », libre et voyageur. Il y ose non sans discipline les mixages de matériaux les plus improbables : métal, plastique, fibre de verre, thé, charbon, restes ou peaux d’animaux, savon, etc.. Tout se métamorphose et se sublime en particulier depuis son arrivée en Chine dans le Caochangdi (district de Pékin ) où il a installé un de ses nombreux atelier.
Loin de ses Engadines natales depuis 2009 il peint des portraits de ses proches (son maître de Tai Chi , ses assistants et amis). Sa palette devint en Chine des plus spartiates : d’abord deux tubes de peinture - une de couleur ivoire, l’autre couleur titane. L’ensemble appliqué avec deux brosses. Depuis ces premiers essais les toiles de Not Vital se composent toujours de blanc, de noir et de gris. De telles couleurs donnent à ses peintures l’impression d’images prises sous rayons X. Les montant sur des structures de bois et de verre épais l’artiste leur ajoute une qualité sculpturale : elles se transforment en objets en 3 dimensions.
Elles se sont transformées en statues dont le force des formes primitives ferait à passer Brancusi lui-même pour un baroque ! La monochromie des dessins et leur aspect flou se sont transformés en surfaces lisses, parfaites, brillantes, minimalistes. Il faut les scruter de près tant Not Vital travaille une économie de détails. Ces « Têtes » deviennent des modèles d’abstractions quasi pures. Elles imposent leur universalité. Le revêtement enrobe les reliefs d’une même pellicule créée par une haute technologie mise au point par l’artiste. Chaque pièce se couvre de reflets en créant un jeu d’éloignement et de proximité, de chaleur et de froideur qui saisissent le spectateur. .
Not Vital oblige l’image à revenir à un état premier. Elle donne une forme à une avant-forme dont le spectateur doit «dévisager » les contenus. Dans ce qui peut semble gouffre d’ombre l’éclosion de miracles, l’ascension de merveilles ont lieu et affichent l’absolu de leur évidence. L’ivresse de la perfection se fait art par des formes aussi simples qu’éloquentes qui s’imposent par leur puissance poétique. Chaque sculpture vit sa propre vie, parle d’elle-même et ne témoigne pas forcément de ce qui se passe autour.
Un tel livre témoigne de tout ce processus.
Jean-Paul Gavard-Perret